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Sur les 1 824 étrangers détenus dans les prisons traditionnelles et le nouveau modèle pénitentiaire en République dominicaine, 1 465 sont des haïtiens incarcérés principalement pour des homicides et des vols, révèle le quotidien dominicain Listin Diario citant un rapport de la Direction Générale des Services Pénitentiaires et Correctionnels.
De cette quantité, 1 261 sont en détention prolongée tandis que seuls 447 ont déjà été condamnés, toujours selon le rapport.
La prison de La Victoria, à Santo Domingo, détient le plus grand nombre de prisonniers haïtiens, soit un total de 254, suivie de celle d’El Seibo avec un total de 115 détenus.
D’autres nationalités sont concernées par ce rapport comme les communautés vénézuéliennes avec 105 prisonniers colombiennes 95.
Considérant que sur les 1465 prisonniers haïtiens seulement 447 ont été condamnés, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) exprime ses préoccupations devant ces chiffres qui, selon l’organisation, traduisent les faiblesses du système carcéral dominicain.
Les mauvais traitements, les discriminations, la xénophobie, le racisme et la barrière linguistique, pourraient expliquer la quantité exagérée d’haïtiens emprisonnés en territoire voisin, selon le responsable de communication et de plaidoyer du GARR, Sam Guillaume.
Dans la grande majorité des cas, des compatriotes haïtiens se retrouvent en prison en tentant de se défendre suite à des multiples violations de leurs droits et à cause de leur incapacité de se défendre par devant les tribunaux dominicains, vu qu’ils ne peuvent pas aisément s’exprimer en espagnol.
Cette situation contribue à l’augmentation du nombre d’haïtiens en détention préventive car selon M. Guillaume, dépourvus d’un accompagnement au niveau de la traduction, devant les tribunaux, les détenus haïtiens sont appelés à admettre leur culpabilité pour déboucher sur une condamnation ou de rester en détention le temps pour le tribunal de trouver un traducteur, ce qui peut prendre des mois et même des années.
Face à cette situation, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés appelle les représentations diplomatiques et consulaires haïtiennes à pencher sur le sort de ces compatriotes qui pourrissent dans les prisons dominicaines.
A cet effet, Jean Eddy Ménard, ancien vice consul haïtien en République dominicaine pendant plus de 10 ans, croit qu’il y a beaucoup à faire pour soulager la souffrance de ces haïtiens et en finir avec ce phénomène qui ne date pas d’hier.
“Quand j’étais en poste au consulat de Higuey, le chef de poste d’alors Jean Tholbert Alexis et moi, avions effectué des visites régulières dans des centres carcéraux de la province la Altagracia pour rencontrer les compatriotes haïtiens et nous avons été surpris de constater que plusieurs d’entre eux étaient toujours en prison parce qu’ils n’avaient pas les moyens de payer une caution de 20 ou 25 000 pesos dominicains équivalant à 500 dollars américains”, a déclaré le diplomate.
Le consulat a abandonné l’initiative car après les décomptes, il aurait fallu plusieurs milliers de dollars pour éponger les cautions de près d’une centaine de détenus haïtiens malheureusement la mission consulaire de Higuey et les autorités à Port – au – Prince n’avaient pas les moyens de couvrir ces dépenses selon M. Ménard.
L’ex vice consul haïtien à Barahona et à Higuey invite les autorités haïtiennes à redéfinir les juridictions consulaires haïtiennes en République dominicaine car certaines communautés ne sont pas couvertes par les consulats.
Par rapport à l’accroissement de la communauté haïtienne en République dominicaine, M. Ménard appelle les responsables à déconcentrer les services consulaires via la mise en place des antennes dans les zones les plus reculées pour desservir la communauté haïtienne.
Il faut souligner que depuis l’aggravation de la situation sécuritaire en Haïti, la communauté haïtienne s’accroît en République dominicaine, et selon les chiffres publiés par la Direction Générale de la Migration en 2022, plus de 80% des migrants dans ce pays sont haïtiens.