Le gouvernement haïtien a annoncé, ce lundi 30 octobre, la suspension de tous les vols vers le Nicaragua pour tenter de contenir la vague migratoire vers les États-Unis, révèle le journal Miami Herald. Depuis août dernier, près de 15 vols par jour sont effectués entre Port-au-Prince vers Managua.
Alors que des dizaines de milliers d’haïtiens quittent le pays quotidiennement en quête d’une vie meilleure, le gouvernement vient de prendre une décision qui risque de soulever la colère de plus d’un.
« Cette décision a été adoptée en raison des inquiétudes croissantes concernant une vague migratoire massive qui a conduit des dizaines de milliers d’haïtiens à utiliser ce pays d’Amérique centrale comme tremplin vers les États-Unis », a écrit le journal Floridien.
Les vols Haïti-Nicaragua ont débuté en août et sont passés de sept à 15 vols charters quotidiens. Il existe également des vols charters en provenance de la République dominicaine voisine et des îles Turques and Caicos transportant des haïtiens, qui dépense jusqu’à 4 000 dollars pour le voyage.
Ce lundi 30 octobre, au moins cinq vols étaient programmés entre Port-au-Prince et l’aéroport international Augusto Cesar Sandino de Managua, révèle le média américain. Alors que la décision vient d’être adoptée, plus de 1 000 passagers attendaient en face du terminal de départ de l’aéroport international Toussaint Louverture leur embarquement.
Le Miami Herald rappelle que la décision de suspendre les vols, opérés par les agences de voyages et les compagnies charter, intervient deux semaines après qu’Haïti ait été parmi les 11 pays d’Amérique latine et des Caraïbes invités par le président mexicain Andrés Manuel López Obrador pour un sommet sur la migration. Le sommet a eu lieu dans la ville de Palenque, dans l’État méridional du Chiapas, une porte d’entrée pour les migrants entrant au Mexique par la frontière avec le Guatemala.
Le Mexique et l’Amérique centrale connaissent un flux de migrants sans précédent, selon l’Organisation internationale pour les migrations de l’ONU.
Les haïtiens, les africains et les cubains qui tentent de se rendre à la frontière entre les États-Unis et le Mexique se dirigent directement vers les villes d’Amérique centrale pour contourner le Darién Gap, la jungle dangereuse entre le Panama et la Colombie. Outre le Nicaragua, qui a suspendu l’obligation de visa pour les haïtiens, le Honduras voit également un grand nombre de migrants franchir ses frontières ces derniers jours.
Le dirigeant nicaraguayen Daniel Ortega n’a pas pris part au sommet organisé par le Mexique et a été accusé d’avoir délibérément utilisé son pays comme point de passage pour les migrants afin de faire pression sur les États-Unis pour qu’ils lèvent les sanctions contre son gouvernement. En outre, les critiques accusent le gouvernement sandiniste de gagner de l’argent grâce à ces voyages.
« Le Front sandiniste est une organisation commerciale. Ils ont un moyen de transport, un logement qu’ils offrent aux migrants comme un package complet et l’engagement est de les emmener jusqu’à la frontière avec le Honduras », a déclaré Arturo McFields Yescas, ancien ambassadeur d’Ortega auprès de l’Organisation des États américains. Dans le cas d’Haïti, de nombreux migrants ont recours à des trafiquants après avoir atterri au Nicaragua pour continuer leur route à travers l’Amérique centrale et le Mexique pour atteindre la frontière américaine.
Lors des négociations sur la migration au Mexique, les dirigeants régionaux se sont plaints du programme de libération conditionnelle humanitaire de l’administration Biden mise en œuvre en janvier dernier qui permet l’entrée aux États-Unis aux ressortissants de Cuba, du Venezuela, d’Haïti et du Nicaragua qui répondent à certains critères. Dans une déclaration signée par les dirigeants présents au sommet mexicain, les dirigeants ont affirmé que le programme encourage la migration irrégulière car il favorise les quatre pays tout en laissant les autres nationalités vulnérables à l’expulsion.
Il importe de signaler que de nombreux haïtiens régulièrement inscrits dans le Programme Biden attendent leur approbation au Mexique en raison de la détérioration du climat sécuritaire en Haïti et les exactions dont sont victimes les compatriotes en République dominicaine.