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La commémoration de la fête du drapeau haïtien, symbole de l’indépendance et de la fierté nationale, s’est tenue ce 18 mai dans une atmosphère mêlant mélancolie et résilience.
La cérémonie traditionnelle qui se tient habituellement à Arcahaie, lieu symbolique de la création du drapeau en 1803, a été déplacée à Port-au-Prince en raison des menaces des gangs armés, comme cela s’est produit à plusieurs reprises auparavant. Malgré les discours solennels prononcés à la Villa Présidentielle, l’ambiance dans les rues de Port-au-Prince ne semblait pas être majoritairement favorable à cette commémoration.
Les rues de la capitale, habituellement animées par des parades colorées et des chants patriotiques, témoignaient d’une absence notable de la population, celle-ci étant préoccupée par sa sécurité. La commune de l’Arcahaie a dû renoncer à accueillir les festivités officielles, mettant en lumière la crise sécuritaire qui paralyse le pays.
Dans certaines rues, quelques marchands de drapeaux se font rares. Les clients semblent hésiter à acquérir cet objet précieux pour tout patriote. A Delmas 66, au local de Banj, des cris de joie résonnent, soulignant non pas un simple lavage de voiture, mais plutôt une journée de commémoration du drapeau. Cet endroit est l’un des rares à célébrer le drapeau avec faste.
En longeant l’autoroute de Delmas, en sortant de Delmas 66, il est nécessaire de continuer jusqu’à Delmas 41 pour ressentir l’ardeur du patriotisme. À Ephraïm, le groupe politique Les Engagés pour le Développement (EDE), a rassemblé des jeunes pour discuter du drapeau et de l’engagement citoyen en présence de leur président Claude Joseph, ancien Premier ministre par intérim. Il s’agit d’une initiative visant à réveiller une authentique citoyenneté patriotique.
En quittant Delmas 41, l’ambiance est ordinaire. De 41 à Bas Delmas, les personnes ont plutôt tendance à rentrer rapidement chez elles que de manifester leur citoyenneté en agitant un drapeau ou en portant les couleurs du drapeau national. Les commerces locaux sont ouverts, les transports en commun fonctionnent, rien ne semble différent de d’habitude. On ne ressent pas l’importance de la date du 18 mai.
Au cœur de la ville de Port-au-Prince, on constate des conditions de terrain très préoccupantes, marquées par l’absence totale de marchands de drapeaux. Les rues sont envahies de déchets, de véhicules abandonnés et dégagent une odeur nauséabonde rappelant les récentes violences extrêmes. Les habitants semblent invisibles, beaucoup ayant d’ailleurs fui la région en masse.
Cependant, la cérémonie officielle s’est tenue à la Villa Présidentielle de Port-au-Prince, réunissant le Conseil Présidentiel de Transition et le gouvernement démissionnaire, ainsi que des dignitaires de l’État et des membres du corps diplomatique, parmi lesquels l’ambassadeur américain Denis Hankins, le représentant du Canada Guy Roux et l’ambassadeur de Taïwan Wenn Jian Ku.
L’agente intérimaire de Tabarre, Nice Simon, a exprimé en premier son désaccord à l’égard des conflits internes et des intérêts personnels qui divisent la nation. Elle a souligné qu’en s’éloignant de la voie tracée par nos ancêtres pour hériter de ce pays, il est nécessaire de mobiliser collectivement pour sortir Haïti de la crise.
Deshommes a également plaidé en faveur de la restitution des rançons versées par Haïti aux grandes puissances après son indépendance, une demande soutenue par l’Université d’État d’Haïti (UEH). Il a sollicité le soutien du Conseil Présidentiel pour cette démarche, soulignant que la restitution constituerait un moment clé à la fois sur le plan économique et symbolique pour Haïti.
Le Premier Ministre par intérim, Michel Patrick Bois-Vert, a exprimé ses regrets concernant la crise prolongée qui ternit la célébration du drapeau. Il a souligné l’importance de mettre fin aux conflits politiques afin de placer le bien-être de la nation au premier plan.
Lors de la cérémonie de clôture, Edgard Leblanc Fils, en sa qualité de Président du Conseil Présidentiel de Transition, a livré un discours marquant. Il a mis en lumière le fait que l’insécurité représente le plus grand ennemi de l’unité nationale et de la souveraineté. Leblanc a souligné l’importance de se rappeler, à l’occasion de la fête du drapeau, que chaque pouce de territoire appartient à l’État haïtien et qu’aucun territoire n’est définitivement perdu.
La célébration de la fête du drapeau de cette année restera symbolique des luttes et des aspirations du peuple haïtien, marquée par un rappel émouvant. En cette période de crise profonde que traverse Haïti, les appels à l’unité et à la justice résonnent avec une force accrue.