Formation du CEP : deux secteurs temporairement exclus par le CPT

Depuis quelques années, en raison de l’aggravation des conditions sécuritaires en Haïti, le pays souffre de presque tous les maux. Les guerres de gangs s’intensifient, poussant des écoles à fermer leurs portes, des citoyens à déménager, laissant les enseignants et les élèves dans l’incertitude. En effet, 3 mois de cela, une école de la capitale avait même renvoyé sa classe de philo (NSIV) pour démotivation et refus d’étudier des élèves. La rédaction a consulté le psychologue de formation Schneider Jacinthe afin de traiter l’aspect psycho-pédagogique de la terreur des gangs.
S’il n’y a pas encore de chiffres officiels disponibles sur la régression du taux d’excellence dans le pays, plus d’un est conscient que l’environnement immédiat des individus a beaucoup d’impacts sur leurs niveaux d’apprentissage.
« Au sens large du terme, l’apprentissage est considéré comme le processus d’acquisition de connaissances, de compétences et de valeurs culturelles par l’observation, l’imitation, la répétition et la présentation », nous dit le psychologue. Pour que ce processus soit bien effectif, un ensemble de conditions environnementales et psychologiques doivent être obligatoirement réunies. En ce sens, l’environnement immédiat d’un individu peut avoir un impact positif ou négatif sur son niveau d’apprentissage, a-t-il soutenu.

Pour comprendre plus en profondeur l’impact de l’environnement immédiat des individus sur leurs niveaux d’accumulation de connaissances, l’ancien étudiant de la Faculté d’Ethnologie a brandi la théorie du behavioriste (l’une des théories psychologiques qui travaillent sur l’explication du processus d’apprentissage de l’être humain) stipulant que l’environnement ou le milieu d’apprentissage d’un individu joue un rôle crucial dans son apprentissage « car l’ensemble des connaissances ou des valeurs bien acquises par ce dernier lui permettra de construire sa personnalité et d’être utile au développement de la société dans laquelle il évolue ».
Liens étroits entre l’accumulation de connaissances par le cerveau et l’ambiance des lieux
Au cours de notre entretien, on a jugé bon de questionner le professionnel sur les liens étroits existants entre la façon dont le cerveau de l’homme accumule des connaissances ou valeurs avec l’ambiance des lieux.
Selon Schneider Jacinthe, pour mieux expliquer les liens existant entre la façon dont le cerveau accumule les connaissances face à l’environnement, deux théories doivent être évoquées, à savoir le behaviorisme qui parle du comportement acquis ainsi que le cognitivisme qui met l’accent sur le rôle des processus mentaux (intelligence, mémoire, perception, attention, pensée etc…) dans le phénomène de l’apprentissage. D’où le cerveau, à travers des fonctions mentales, fait le traitement, l’assimilation et le classement des informations reçues à travers l’observation de tout ce qui se passe dans le milieu immédiat.

En ce sens, il a affirmé qu’il y a un rapport étroit entre les connaissances qui gouvernent le cerveau et l’environnement dans lequel évolue l’individu « car ce dernier permet l’acquisition de savoir par l’observation du milieu immédiat », a-t-il fait remarquer.
Comment un étudiant ou un élève peut garder le moral dans le contexte de la terreur des gangs ?
Aujourd’hui, face à ce qui se passe dans plusieurs communes ou zones du pays, comme à Meyotte, Debussy, Source-Matelas, Liancourt où des individus armés terrorisent la population, un grand défi est réservé aux étudiants et élèves qui veulent garder le moral afin de continuer leurs études.
Tout d’abord, le psychologue se dit conscient des difficultés pour la population de gérer les pressions et le stress de l’insécurité qui ravagent le pays, et il est plus difficile encore de demander à un élève ou un étudiant de garder le calme par rapport à tout ce qui se passe comme drame dans les rues de Port-au-Prince et d’autres régions du pays.
Cependant, il est conseillé à tout élève ou étudiant de prendre quelques dizaines de minutes chaque jour pour faire des exercices psychologiques comme la relaxation, la méditation, le sport, la musicothérapie, le counseling, la psychologie positive etc … afin de combattre le stress que ramènent les tensions dûes à l’insécurité qu’ils font face au quotidien, a-t-il indiqué.
La santé mentale des enseignants et le comportement des parents envers leurs enfants
Dans notre réalité, on voit souvent ce que l’enseignant devrait faire pour l’avancement de l’éducation, pour aider les élèves avant de considérer ce qu’il mérite. Face à la dégradation du climat sécuritaire du pays, il est pressant de se demander si les enseignants sont aptes à faire leur travail ou s’ils remplissent les conditions sur le plan psychologique.
Selon M. Jacinthe, chaque enseignant qui vit en Haïti, particulièrement dans la zone métropolitaine, devrait obligatoirement consulter un psychologue tous les 2 mois pour pouvoir contrôler sa santé mentale.

« Les séances de thérapie vont être très utiles aux enseignants afin de leur permettre de garder le mental car ils font avant tout un travail très psychologique. Ils doivent être en pleine santé mentale pour bien gérer leur vie personnelle et professionnelle (auprès des élèves ou étudiants) », a-t-il souligné.
Le professionnel a aussi mis l’accent sur le comportement que devraient avoir les parents envers les enfants ayant des difficultés à évoluer sur le plan éducatif en cette période de crise.
« Un parent qui a un enfant ayant des difficultés sur le plan de l’apprentissage peut toujours utiliser des techniques comme l’apprentissage par le visuel, l’auditif, le verbal, la kinesthésie », a-t-il conseillé avant de d’ajouter « le plus important est d’aller consulter un psychologue de l’apprentissage ou un psycho-pédagogue afin de trouver un traitement scientifique adéquat à l’enfant ».
L’apprentissage et le loisir
La circulation devient aujourd’hui un luxe dans le pays. De ce fait, le loisir disparaît sinon à la maison la télévision fait de son mieux malgré le manque d’énergie. Les enfants et même les étudiants n’arrivent plus à s’épanouir. Les murs des maisons deviennent la prison pour ceux et celles qui ne sont pas prêts (es), à risquer leur peau dans les rues.

Pourtant, selon le psychologue, le loisir joue un rôle important dans le processus d’apprentissage. « Cela permet parfois à l’apprenant de reposer le cerveau, de se relaxer et de se libérer de ses pressions psychologiques ». Les différents types de loisirs font partie même du processus d’apprentissage, soutient-il.
Parlant de la contribution du loisir au bon déroulement de l’apprentissage, M. Jacinthe a insisté sur le fait que le loisir contribue au processus de création et d’imagination du cerveau de l’apprenant.
La solution à certains problèmes du pays nécessite une bonne compréhension de la science, comme c’est le cas pour les défis de l’apprentissage ou l’accumulation de valeurs dans l’enfer que devient Haïti suite à la montée en puissance des gangs criminels.