Plusieurs organisations évoluant dans le secteur environnemental se disent préoccupées par la propagation du feu qui ravage les unités I et II de la forêt des Pins au Parc la Visite et une partie du Parc National Macaya depuis près de 3 semaines.
Dans une lettre ouverte adressée au gouvernement et au Haut Conseil de Transition dont une copie a été acheminée à la rédaction de Ted’Actu, l’ organisation Ecovert-Haïti, la Fédération des organisations pour le Développement Communautaire de la Visite (FADECOV), la Promotion pour le Développement (PROMODEV), le MAP, la Fondation Antoine Simon des Cayes, le Konbit Ekolojis Sid (KES), l’Association des Jeunes Réunis pour le Développement du Plateau Central (AJRDPC), les Jeunes Combattants Réunis pour le Changement vers une Société Durable en Haïti (JECORECS-DH) invitent les autorités du pays à déclarer l’Urgence écologique pour sauver ces aires protégées appartenant aux deux importantes réserves de Biosphères d’Haïti.
“Après la célébration de la 28e journée Internationale de la biodiversité tenue en mai 2021, plusieurs organisations écologiques telles que : Ecovert-Haiti et le Mouvement d’Appui à la Paysannerie (MAP), ont présenté un diagnostic sur l’état lamentable des unités d’aires protégées comme Forêt des Pins, Parc la Visite et Parc Macaya respectivement situées dans les réserves de biosphère de la Selle et de la Hotte.
Ces organisations ont fait des recommandations et ont insisté pour que les autorités haïtiennes déclarent l’Urgence Écologique sur tout le territoire national. Cette décision n’a pas été adoptée, alors que le problème persiste encore dans nos forêts et dans nos aires protégées. Ces institutions ont également proposé un programme national dénommé : campagne nationale pour la restauration des écosystèmes dégradés d’Haïti comme alternative pour préserver la biodiversité haïtienne”, rappellent les organisations signataires de cette lettre ouverte datée du 10 mars 2023.
Elles déplorent le fait que deux ans après ce premier cri d’alarme, la situation de la biodiversité en Haïti s’aggrave dans les deux réserves de biosphère la Selle et la Hotte qui constituent des châteaux d’eau et qui sont inscrites dans le patrimoine mondial par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
En effet, pour se faire une idée de l’état lamentable actuel des forêts de la Selle et de la Hotte, ces organisations présentent un diagnostic actualisé, réalisé pendant le mois de Mars 2023 au niveau de la Forêt des Pins et des Parc nationaux, la Visite et Macaya.
Ce diagnostic montre que la réserve forestière du Parc la Visite dispose d’une importante flore et sa riche faune abritant des espèces rares comme le Bec-croisé d’Hispaniola, des Hirondelles dorées, la Tangara d’Haïti, le Trogon damoison, le Solitaire siffleur et le Todier à bec étroit sont aujourd’hui menacés par la dégradation de leurs habitats naturels, souligne la lettre.
Les signataires dénoncent le fait que depuis des années, ce Parc est livré entre les mains des centaines d’individus qui l’exploitent à des fins agricoles et commerciales en raison de l’absence des mesures de surveillance environnementale. Cet espace fait constamment l’objet d’incendies et de la coupe d’arbres à des fins de construction qui réduisent considérablement sa superficie boisée qui laisse à désirer aujourd’hui.
En conséquence, plus de quatre espaces ont déjà été ravagés par le feu durant les mois de Février et Mars cette année.
« Ces incendies peuvent provoquer de nombreuses conséquences drastiques directes sur la faune et la flore du pays, de surcroît de la région caribéenne et des conséquences indirectes sur des secteurs de développement”, préviennent ces organisations qui dénoncent l’inaction de l’État haïtien pour rétablir l’ordre au sein des aires protégées et forêts, en particulier dans le Parc National la Visite, la Forêt des Pins (Unité 1) et le Parc National Macaya, en vue d’intervenir rapidement pour circonscrire les incendies, accompagner les responsables locaux et faire appliquer la législation environnementale contre ceux qui commettent des infractions susceptibles d’anéantir la vie sous toutes ses formes en Haïti.
Les signataires de cette lettre ouverte encouragent les autorités à assumer leurs responsabilités et à agir rapidement car la crise environnementale qui sévit dans le pays pourrait entraîner de lourdes conséquences sur les sources d’eau, la sécurité alimentaire, l’écotourisme indispensables à la vie nécessaire pour assurer un avenir meilleur à la Nation Haïtienne.
Pour pallier ces multiples problèmes que confronte le secteur de l’environnement, l’organisation Ecovert-Haïti, la Fédération des Organisation pour le Développement Communautaire de la Visite (FADECOV), la Promotion pour le Développement (PROMODEV), le MAP, la Fondation Antoine Simon des Cayes, le Konbit Ekolojis Sid (KES), l’association des Jeunes Réunis pour le développement du Plateau Central (AJRDPC), les Jeunes combattants réunis pour le changement vers une Société durable en Haïti (JECORECS-DH), appellent le gouvernement et le HCT à déclarer l’Urgence écologique dans les forêts haïtiennes et dans les aires protégées, procéder à la nomination d’un nouveau Ministre de l’Environnement et à des changements profonds au sein des directions et services, notamment dans les unités d’aires protégées, mettre en place une équipe technique à la tête de l’ANAP et désigner un Inspecteur Général de la Police Nationale d’Haïti et un Colonel ou un Major des Forces Armées d’Haïti (FADH), pour coordonner la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP), tout en assurant un profond vetting sur les agents de cet organe technique de surveillance environnementale.
En outre, ces organisations appellent à l’établissement d’une commission mixte entre le Ministère de l’Environnement et celui de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement (MARNDR), pour une synergie dans les programmes et projets en dehors des sphères politiques; trouver dans le plus bref délai des stratégies pour arrêter les incendies et la dégradation continue de la Forêt des Pins, du Parc national La Visite, et du Parc Macaya du massif de la Hotte; procéder à l’évaluation rapide des dégâts et analyser les besoins de base nécessaires à la réhabilitation et au renforcement des aires protégées; mettre en place un processus de mobilisation communautaire et définir une stratégie globale de gestion et de prise en charge de chacune de ces aires protégées; faire appliquer la législation haïtienne en la matière et organiser un symposium sur l’environnement pour définir une politique publique en matière de l’environnement qui incorpore des mesures relatives à la lutte contre la déforestation, les incendies, la construction de logements, des exploitations agricoles ainsi la lutte contre les changements climatiques.