En marge de la cérémonie de commémoration du premier anniversaire de l’assassinat du président Jovenel Moïse, le 7 juillet 2022, le Premier ministre, Ariel Henry, et le ministre de l’Intérieur et des collectivités Territoriales, Liszt Quitel, ont successivement déclaré que le palais de justice de Port-au-Prince n’est pas occupé par des bandits armés. Suites à ces allégations, les associations de magistrats montent au créneau.
Intervenant sur les ondes de Radio Vision 2000, le lundi 11 juillet 2022, le président de l’Association Nationale des Magistrats haïtiens (ANAMAH), Me Jean Wilner Morin, soutient qu’il est impossible que M. Ariel Henry et M. Liszt Quitel n’aient été informés de la prise d’assaut suivie de l’occupation du Palais de justice par les bandits armés opérant au niveau du Bicentenaire.
Selon M. Morin, les récents propos du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur montrent seulement leurs désintérêts en ce qui a trait au bon fonctionnement de la justice haïtienne. Il juge anormal que ces deux dirigeants puissent faire de pareilles déclarations alors que le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de Port-au-Prince, Me Jacques Lafontant, avait adressé diverses lettres aux autorités policières pour leur demander de l’accompagner au Palais de Justice afin de faire l’inventaire des dégâts enregistrés.
Par ailleurs, le juge Morin se questionne sur le sens caché de ces déclarations. « Si les bandits ont appelé le Premier ministre, Ariel Henry, et le ministre de l’Intérieur, Liszt Quitel, pour leur dire qu’ils n’occupent plus le palais de justice, c’est une nouvelle pour la population », a conclu le titulaire de l’ANAMAH.
De son côté, le président de l’Association professionnelle des magistrats (APM), Martel Jean-Claude, condamne les propos des hauts dirigeants du pays qui préfèrent ignorer la réalité de la prise d’assaut et de l’occupation du Palais de justice de Port-au-Prince par des bandits armés. Plus loin, il fait des propositions de locaux qu’il juge adéquat pour accueillir le Palais de justice.
« Les locaux de l’ancienne Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux administratif (CSC/CA) sont trop grands pour la Commission nationale des marchés publics. L’État peut transférer le Palais de Justice là-bas. Sinon, il y a assez d’espace libre dans les locaux du Ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales pour recevoir le Palais de Justice », a déclaré M. Jean-Claude.