Aide militaire en Haïti : le Canada de plus en plus sceptique
À côté de la crise sécuritaire qui sévit dans le pays, des organisations et des experts ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur le risque d’une catastrophe humanitaire en Haïti où une grande partie de la population se trouve en insécurité alimentaire.
En effet, pour la première fois de son histoire, Haïti figure parmi les 7 pays les plus affectés par la famine dans le monde, selon le dernier rapport publié le mercredi 3 mai dernier par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
Situés pour la plupart sur le continent africain, la Somalie, Le Burkina Faso, le Soudan du Sud, le Nigéria (certains États), l’Afghanistan, le Yémen et Haïti sont les 7 pays dans lesquels la situation d’insécurité alimentaire s’est détériorée au cours de l’année 2022, note le document.
« Les habitants de sept pays ont été confrontés à la famine et à la misère, ou à des niveaux catastrophiques de faim aiguë (Phase 5 de l’IPC/CH) à un moment donné en 2022. Plus de la moitié d’entre eux se trouvaient en Somalie (57 %), tandis que de telles circonstances extrêmes se sont également produites en Afghanistan, Burkina Faso, Haïti (pour la première fois dans l’histoire du pays), Nigéria, Soudan du Sud et Yémen “, précise le rapport.
Sur le terrain, la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) appelle les autorités à intervenir le plus rapidement possible.
« Les personnes en situation d’insécurité alimentaire ne peuvent pas attendre et ont besoin d’une réponse à court terme pour pallier la situation et des mesures doivent être prises à long terme pour apporter une solution aux problèmes de la faim dans le pays », a déclaré l’agronome Harmel Cazeau, responsable de la CNSA lors d’une entrevue à notre rédaction ce mardi.
Il estime que l’instabilité politique, la violence et les catastrophes naturelles sont entre autres facteurs à l’origine de la détérioration de la situation dans le pays.
« La situation de crise alimentaire va de mal en pis depuis 2016. Selon les indicateurs, les instabilités politiques, l’augmentation des actes de violences, les catastrophes naturelles, la hausse de l’inflation, l’absence d’investissement etc… nous ont conduits là où nous sommes aujourd’hui », a fait remarquer le coordonnateur de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire.
En guise de proposition, le responsable suggère à court terme que les personnes les plus affectées par la crise alimentaire bénéficient d’une aide de l’État en produits alimentaires, en cash mais aussi elles doivent pouvoir trouver un emploi leur permettant de répondre à leurs besoins.
Le responsable plaide aussi en faveur d’une véritable relance de la production nationale avec un accent particulier sur la production des denrées alimentaires à cycle court pour nourrir la population.
« Si on met en place uniquement des actions d’urgence, la situation ne changera pas. Il faut un mariage d’actions à court et à long terme pour adresser les vrais problèmes structurels du pays en matière de politique économique, sociale et environnementale » a-t-il ajouté.
Selon l’agronome Cazeau, les quartiers populaires de Port-au-Prince et de la Croix-des-bouquets sont parmi les zones qui concentrent le plus de personnes affectées par la famine. Des habitants pris au piège des bandes armées dans plusieurs communes des départements comme l’Artibonite, le Nord’Ouest et le Sud sont aussi affectés par l’insécurité alimentaire selon le responsable.
À ces causes, il faut ajouter la fermeture de plusieurs entreprises notamment dans les secteurs du tourisme et de la sous-traitance en raison de la crise socio politique renvoyant ainsi des milliers de personnes au chômage.
En conclusion, le dirigeant de la CNSA, l’agronome Harmel Cazeau, appelle à l’action de tous les secteurs dans la lutte contre l’insécurité alimentaire en Haïti.