Reprise timide des activités scolaires à Liancourt près de 5 mois après l’assassinat des policiers

En Haïti, la guerre ne se livre plus seulement dans les rues ravagées par la violence. Elle se joue désormais sur les écrans, où les balles sont remplacées par des images, des vidéos et des messages savamment orchestrés. Les gangs armés, de plus en plus organisés et stratèges, ont compris la puissance des réseaux sociaux. Facebook, YouTube, TikTok… Ces plateformes, pensées pour connecter les gens, sont devenues des armes psychologiques redoutables au service du crime.
À travers des comptes anonymes ou revendiqués, circulent des contenus destinés à imposer la présence des gangs, à intimider la population et à défier les autorités. Des vidéos d’hommes lourdement armés, des cadavres de policiers exhibés comme des trophées, ou encore des messages de propagande diffusés comme de simples clips viraux. Cette mise en scène macabre poursuit un objectif clair : installer un climat de terreur, briser le moral des forces de l’ordre et saper la confiance du peuple envers l’État.
Le plus inquiétant, c’est que cette stratégie fonctionne. Chaque image partagée, chaque vidéo relayée devient une victoire symbolique pour les gangs. Pendant ce temps, les forces de l’ordre, bien qu’actives sur le terrain, peinent à faire entendre leur version des faits. Faute de communication institutionnelle forte, les actes de bravoure policière passent souvent sous silence, tandis que les messages criminels se répandent et façonnent l’opinion publique.
En s’appropriant les codes du numérique, les gangs ont transformé la guerre territoriale en guerre narrative. Et dans cette bataille de l’image, le silence de l’État s’apparente à une défaite.
Mais jusqu’à quand cette asymétrie informationnelle va-t-elle durer ? L’État est-il prêt à reprendre le contrôle de l’espace numérique, comme il tente de reprendre celui des quartiers ?
Les médias traditionnels peuvent-ils jouer un rôle de contre-pouvoir face à cette désinformation orchestrée ? Et surtout, comment protéger une population prise entre la violence physique et une guerre psychologique continue ?
Autant de questions urgentes qui appellent des réponses claires, fermes et visibles. Des réponses qu’on attend non dans les discours, mais dans des actions concrètes des autorités compétentes.