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Parmi les nombreuses conséquences de la violence armée en Haïti, figure désormais le risque d’une augmentation du nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, prévient le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance. Plus de 115 600 enfants pourraient ainsi souffrir d’émaciation sévère en 2023, contre 87 500 l’an dernier, selon l’UNICEF qui dit avoir besoin, de toute urgence de 17 millions de dollars américains pour financer les premières interventions en faveur des enfants et des populations vulnérables, aux prises avec l’insécurité et la crise sanitaire.
Dans un communiqué publié ce jeudi, l’instance onusienne a fait part de ses préoccupations face à la persistance des crises sécuritaires, sanitaires et socio-économiques qui rongent le pays.
La violence armée contribue à multiplier le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère selon l’UNICEF qui précise que le pays a enregistré une hausse de 30 % des cas par rapport à 2022 soit plus de 115 600 enfants en 2023 contre 87 500 l’an dernier.
Une enquête de suivi et d’évaluation normalisés des phases des secours et de la transition (SMART) menée cette année dans le domaine de la nutrition indique que la malnutrition infantile progresse en Haïti déjà en proie à la violence, à une aggravation de l’insécurité alimentaire et à une flambée épidémique de choléra.
Selon ce document, le département de l’Ouest, zone la plus touchée par le conflit, enregistre quant à lui un taux de malnutrition aiguë de 7,5 %, soit deux points de pourcentage de plus que la moyenne nationale.
Dans plusieurs communes de la région métropolitaine de Port-au-Prince ravagée par la violence armée depuis plus de deux ans, un enfant sur cinq présente actuellement une forme de malnutrition.
« En Haïti, de plus en plus de parents ne parviennent plus à nourrir convenablement leurs enfants et à leur prodiguer les soins appropriés, et l’escalade terrible des violences perpétrées par les groupes armés les empêche de se rendre dans les centres de santé. L’épidémie de choléra qui sévit actuellement complique cette situation encore davantage. En effet, un nombre croissant d’enfants atteint plus rapidement le stade d’émaciation sévère ou malnutrition et mourront si aucune mesure n’est prise de toute urgence», prévient Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF en Haïti.
La violence en Haïti s’aggrave à une vitesse préoccupante ou plus de 600 personnes ont été tuées à Port-au-Prince au cours du seul mois d’avril, selon le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Ce conflit entre groupes armés, parfois pour le contrôle de territoires, a restreint l’accès des enfants aux services essentiels en matière de nutrition, de santé et d’approvisionnement en eau potable, d’hygiène et d’assainissement, toujours selon l’instance onusienne qui ajoute que l’aggravation de l’insécurité alimentaire et ces affrontements ont eu pour conséquence de détériorer de manière significative la situation nutritionnelle à l’échelle du pays.
Pour l’heure, près d’un enfant sur quatre en Haïti souffre de malnutrition chronique ou retard de croissance, une pathologie qui laisse des séquelles à long terme. En effet, le mauvais état de santé et la malnutrition empêchent les enfants présentant un retard de croissance de développer pleinement leurs capacités physiques et cognitives, précise le texte.
Si rien n’est fait, la situation risque de se détériorer encore davantage d’ici à octobre 2023, prévoit l’UNICEF qui plaide en faveur d’un déploiement d’urgence et à grande échelle d’interventions en faveur de la nutrition et de la survie des enfants visant à réduire la morbidité et la mortalité associées à l’émaciation sévère, ainsi qu’à prévenir l’apparition de nouveaux cas de malnutrition dans le pays.
Alors que l’UNICEF dit attendre des bailleurs de fonds un montant de 210,3 millions de dollars pour voler au secours des enfants et les populations les plus vulnérables, l’organisme précise avoir besoin, de toute urgence, de 17 millions de dollars américains pour financer les premières phases de la riposte.
Ces fonds serviront à intensifier le dépistage précoce de l’émaciation infantile, à acheter 84 000 cartons supplémentaires d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et à mettre en place un éventail complet d’interventions en matière de nutrition, de santé, de développement de la petite enfance et de protection de l’enfance afin de répondre aux besoins urgents des enfants en Haïti. Un déficit de financement pourrait mettre en danger la survie immédiate de plus de 100 000 enfants, a-t-il prévenu.