Une force étrangère armée ou policière en Haïti, les avis sont partagés entre le canada et les USA
Le Centre d’Analyse de Recherche en Droit de l’Homme (CARDH) dit répertorier 389 cas de kidnappings pour la période allant de janvier à mars 2023. L’organisme de défense des droits humains détaille plusieurs raisons qui expliquent la hausse de ce phénomène au cours de ces derniers mois.
En effet, dans un rapport rendu public ce mardi, le Centre d’Analyse de Recherche en Droit de l’Homme dit noter, durant le premier trimestre de cette année, une augmentation des cas de kidnappings de plus de 72% par rapport à 2022 où 225 cas ont été enregistrés.
La lutte au niveau de la hiérarchie de la PNH, le besoin de compenser une perte financière en raison des sanctions internationales imposées aux acteurs du secteur privé et ceux de la classe politique qui sont directement ou indirectement liés aux gangs, la perspective électorale, l’intégration de nouvelles zones sur le « marché » et la création de nouvelles alliances criminelles comme Haut-Bel-Air/Gran-Ravin et Village-de-Dieu, ainsi que Ti Makak / Karze Baryè de Vitelhomme, sont à l’origine de l’augmentation du kidnapping, toujours selon le rapport.
« La conclusion de ces nouvelles alliances contribue à étendre l’industrie du kidnapping en créant de nouveaux axes, soit pour faciliter les enlèvements ou pour avoir de nouvelles zones de séquestration », peut- on lire dans le document.
Le Centre d’Analyse de Recherche en Droit de l’Homme en veut pour preuve, le Haut Bel-Air dirigé par l’évadé de prison Sanon Kempès, qui devient une zone de transit où environ une vingtaine de cas d’enlèvements ont été enregistrés de janvier à mars 2023.
En ce qui a trait à l’inaction des forces de l’ordre face aux agissements des gangs armés, l’organisme croit que ce comportement s’explique par des problèmes d’équipements adéquats, du manque de volonté politique et des liens étroits existant entre les bandits et des policiers.
Le CARDH évoque par ailleurs une lutte intestine au sein de la hiérarchie de la Police Nationale d’Haïti et qui en profite aux malfrats.
« Des directeurs ont vu leurs plans et stratégies sabotés à cause des postes convoités. Certains haut-gradés auraient des affiliations politiques et travaillent pour d’autres secteurs, d’où une absence de cohésion et de confiance », souligne le rapport.
Parallèlement, le Centre d’Analyse de Recherche en Droit de l’Homme dit constater que de nouveaux foyers de gangs sont formés dans le pays sous le nez des autorités.
« Le gang de Vitelhomme (Kraze Baryè) contrôle désormais la partie Sud-est de Pétion-Ville, dont les zones de K-Gro, Métivier, Morette, Meyotte, Doco, Diègue, K-Francois, Greffin, Malik et dans la commune de Kenscoff les zones de Fort Jacques, Fermathe et Thomassin (jusqu’à 54). Alors que celui de Ti Makak, son allié, contrôle Thomassin (de 25 à 48), Laboule (une partie), Montagne noire (une partie dont Soisson), Boutilier, Tara’s. Ces quartiers constituent désormais de nouveaux foyers de kidnapping et de violence », poursuit le document.
D’un autre côté, l’organisation dénonce les différentes formes de violences perpétrées par les bandits pour forcer les familles des victimes à verser de forte somme d’argent, généralement en dollars américains, comme brûlures au troisième et au quatrième degré, sévices corporels, viol collectif avec violences, pendaison à des fins de torture, des pratiques homosexuelles et le versement de plusieurs rançons.
Face à l’impuissance des autorités étatiques et des forces de l’ordre, le CARDH dit noter que la population commence à s’organiser en vue de protéger leurs vies et leurs biens par la mise sur pied de Brigades de vigilance dans certains quartiers et dans d’autres endroits, des armes sont distribuées pour combattre la violence des gangs.
Pour sortir de cette situation de violence inouïe, le Centre d’Analyse de Recherche en Droit de l’Homme recommande au gouvernement haïtien d’assumer ses responsabilités en faisant de la sécurité de la population un impératif.
En outre, le CARDH appelle à la « dépolitisation » de la sécurité de la population car les gangs risquent de contrôler toute la capitale, ce qui aura de lourdes conséquences, a-t-il alerté.