Entre le HTC et le gouvernement, les violons ne s’accordent pas
Des juges de paix sont soudoyés pour faire des constats, et s’adonnent à des malversations comme usage de faux et faux en écriture depuis le lancement du mot d’ordre de grève initié par l’association nationale des greffiers, depuis environ 3 semaines dénonce Martin Ainé.
Tout en déplorant le comportement de ces juges, Martin Ainé, président de l’association nationale des greffiers haïtiens (ANAGH) continue de réclamer le respect de l’accord d’avril 2017, remanié en 2019.
« Il faut assainir l’appareil judiciaire. Il y a des magistrats décriés notamment dans les Tribunaux de Paix, au niveau des juridictions de Mirebalais, dans le département des Nippes et de la Grand-Anse, qui vont faire des constats seuls et après, notent comme bon leur semble le nom d’un quelconque greffier dans leur rapport. Je rappelle qu’il s’agit là de fausses déclarations » déclare Martin Aîné qui appelle le CSPJ à sévir contre ces juges qui selon lui ne devraient plus faire partie du système judiciaire .
Le président de l’ANAGH soutient par ailleurs que la grève des greffiers est maintenue à cause de l’indifférence du ministère de la justice face à leurs différentes revendications en lien avec les accords de 2017 et 2019.
La nomination des greffiers formés à la première promotion de l’école de magistrature en 2017, promouvoir les greffiers à la magistrature assis et debout, l’octroi de cartes de débits à chacun d’entre eux, sont entre autres points stipulés dans ces accords précités.
« Nos revendications visent à mettre un terme aux discriminations à l’endroit des greffiers dans l’appareil judiciaire et appliquer la loi selon laquelle il ne peut y avoir trop d’écart de salaire entre deux collaborateurs immédiats à savoir les juges et greffiers. » ajoute Ainé.
Aujourd’hui, un juge de paix perçoit environ 150.000 gourdes comme salaire alors qu’un greffier en reçoit environ 23.000 gourdes. Ce qui représente une trop grande disparité selon Martin Ainé.
« Dans le temps, un greffier percevait 800 gourdes et un juge 1000 gourdes. A cette époque il n’y avait pas un trop grand écart de salaire, confie le président de l’association nationale des greffiers haïtiens.
Martin Ainé soutient que cette grève paralyse une fois de plus le fonctionnement du tribunal, dans un contexte où les prisons civiles sont remplies de prisonniers.
Le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) parle d’un taux de 401% dans les 4 prisons principales du pays soit 4 fois de leur capacité maximale. Plus de 83 % des détenus en Haïti n’ont pas encore été jugés et sont incarcérés de manière prolongée.
« Mettre fin à la détention préventive prolongée c’est aussi mettre un terme aux discriminations dans l’appareil judiciaire, répondre aux revendications des magistrats et greffiers et créer un climat attrayant pour tout le personnel judiciaire ce qui mettrait un terme aux grèves répétées », recommande Martin Ainé.