Ganthier : des policiers haïtiens viennent en aide à leurs homologues kényans
Les cas de violences sexuelles ont connu une montée vertigineuse dans le département de la Grand’Anse durant l’année 2022. Selon le dernier rapport annuel publié par l’Initiative Départementale contre la Traite et le Trafic des Enfants (IDETTE) le 23 janvier 2023, au moins 149 cas de viols ont été documentés durant l’année dernière, dont 131 ont été commis sur des filles de 3 à 17 ans.
Ce nombre dépasse largement la quantité de viols recensés en 2021, qui s’élève à 107. Parallèlement, la structure regrette que durant les 15 premiers jours de 2023, 8 cas de viol ont déjà été signalés.
La corruption, l’impunité, les abus d’autorité dans le système judiciaire haïtien sont, entre autres, les principales causes de ces augmentations des cas de viol et d’agressions sexuelles dans cette région du pays, selon ce qu’on peut lire dans ce document.
Selon l’IDETTE, les 149 cas de viols qui ont été documentés dans la Grand’Anse en 2022 dont 131 sur des filles de 3 à 17 et 16 sur des femmes de 18 ans à plus, ont été recensés dans les communes de Jérémie, Corail, Anse d’Hainault, Beaumont, Chambellan, Dame Marie, Roseaux, Moron, Irois, Pestel, Abricots et Bonbon.
À la base de ce phénomène, la structure énumère plusieurs raisons, dont le cas de Me André Mary Pyram, Commissaire du gouvernement a.i de Jérémie, qui a violé et bafoué le droit des victimes de viol sur mineures, en libérant plus de 50 inculpés en octobre 2020.
IDETTE cite d’autre part la libération d’au moins cinq présumés violeurs en dehors de toutes formes légales. Toujours d’après l’organisme de défense, le chef a.i du Parquet est un sexiste et défenseur des prédateurs sexuels qui refuse d’entendre parler des droits des femmes et des enfants.
L’IDETTE rapporte par ailleurs que la justice à Jérémie est très décriée, les dossiers sont traités pour de l’argent ou sur la base d’accointances politiques. Pour les 14 communes de la Grand’Anse, il n’y a qu’un seul juge d’instruction. Ce qui engendre la montée sans précédent de la détention préventive prolongée sans compter que les détenus sont confrontés à de grands problèmes de base et sont donc exposés à de graves maladies.
Toujours en ce qui concerne la justice dans ce département, l’organisme de lutte contre la traite et le trafic des enfants a fait savoir que Jean Kesner Numa, Doyen du Tribunal de Première Instance de Jérémie, est lui-même inculpé dans un dossier de viol suivi d’avortement sur une mineure de 16 ans qui était en domesticité chez sa belle-sœur. En raison de son influence, l’affaire est bloquée, précise l’IDETTE.
Devant cette situation, l’Initiative Départementale contre la Traite et le Trafic des Enfants (IDETTE) lance un vibrant appel aux acteurs étatiques et non-étatiques dans la Grand’Anse, à s’impliquer davantage dans la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles.
De plus, elle réclame une commission d’enquête formée par des entités au plus haut niveau de la justice, sur le fonctionnement des acteurs judiciaires dans la Grand’Anse.
L’IDETTE propose d’organiser des séances de formation au bénéfice de ces derniers, sans compter la mise en place d’un Bureau d’Assistance Légale (BAL) dans la juridiction de Jérémie et d’accroître les capacités du gouvernement à coordonner les violences basés sur le genre dans toute sa globalité.