Situé à l’est de la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite, le fort de la Crête-à-Pierrot est l’un des patrimoines historiques du pays. Symbole de la résistance des vaillants soldats de l’armée indigène en 1802, ce site historique se retrouve aujourd’hui dans un piteux état.
En dépit de sa grande valeur historique, le fort de la Crête-à-Pierrot est confronté à de nombreux problèmes, tout comme d’autres sites historiques et culturels du pays.
L’insécurité qui prévaut dans la commune depuis plusieurs années et la dégradation avancée de cette zone sont des problèmes criants qui ont poussé les résidents à la quitter pour trouver refuge ailleurs. Le vol d’objets précieux tels que les canons et les boulets de canon en est un autre.
Pire encore, cet espace est devenu un lieu où des individus armés organisent régulièrement des cérémonies mystiques, rapporte un habitant de la zone, réfugié hors de la commune pour des raisons de sécurité.
« Le fort de la Crête-à-Pierrot est en voie de disparition. Hormis une petite maison en ruine et seulement deux ou trois boulets de canon, il ne reste plus rien dans sa cour, abandonnée aux animaux », se lamente le journaliste Vénès Désir, précisant que les derniers travaux de restauration remontent à plusieurs années.
« C’est une honte que le fort soit dans un état si déplorable. L’Institut de Sauvegarde du Patrimoine national (ISPAN) a pour rôle notamment de procéder à la rénovation des patrimoines. Où est-il passé ?», se demande ce déplacé interne.
C’est un symbole non seulement pour la commune de Petite-Rivière, mais aussi pour le pays tout entier. C’est un exemple flagrant de la mauvaise gestion des sites historiques et touristiques du pays, a renchéri ce professionnel de la presse.
Il se rappelle qu’autrefois, les élèves, les étudiants et les amoureux se donnaient rendez-vous dans la cour de ce qui reste de ce patrimoine. Ce n’est plus le cas maintenant. Cet espace est désert.
« D’ailleurs, des milliers de personnes ont fui la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite, rendant cette situation encore plus complexe », poursuit le journaliste.
Pourtant, le fort de la Crête-à-Pierrot peut et doit être sauvé. Il représente une partie de notre histoire et est un symbole de notre patrimoine culturel commun. Des actions pour la sauvegarde de ce patrimoine doivent être rapidement prises, renchérit Vénès Désir.
Fils du terroir, il ne cache pas sa déception, son regret et son mécontentement face à la situation déplorable de sa commune. Le confrère appelle à une meilleure prise en charge des sites historiques du pays afin que les visiteurs puissent apprendre davantage sur l’histoire du pays lorsqu’ils les visitent.
Après l’indépendance, les premiers dirigeants du pays ont mis en place une politique de fortification de la jeune République pour la protéger contre tout éventuel retour des esclavagistes français. Ainsi, dans le grand Nord, en particulier, le général Jean Jacques Dessalines et le roi bâtisseur, Henry Christophe ont construit plusieurs forts qui sont aujourd’hui en très mauvais état.
Il importe de souligner que pratiquement toutes les institutions publiques de Petite-Rivière de l’Artibonite ont dû fermer leurs portes en raison de la détérioration du climat sécuritaire dans la commune comme la Direction générale des Impôts (DGI), la mairie et le commissariat.
Cette situation complique toute éventuelle intervention pouvant aider à restaurer ce patrimoine en ruine.