Les soins infirmiers en Haïti ont toujours été perçus par plus d’un comme un métier essentiellement réservé aux femmes. Si cette perception a poussé plusieurs hommes à ne pas s’adonner à l’exercice de cette noble profession, d’autres ont choisi de suivre leur rêve, faisant fi des critiques destructrices.
Ted’Actu s’est intéressé à deux de ces braves hommes et vous dresse leur portrait.
Licencié en Sciences Infirmières en 2015, Archil Kenol a étudié à la Faculté des Sciences Infirmières Notre Dame du Perpétuel Secours (FSINDPS) de Jérémie. Il est, pour le moment, l’infirmier responsable de la clinique St joseph de Jérémie et s’occupe de la section planning familial, nutrition, et éducation.
Selon lui, c’est un métier noble réservé à tous ceux qui aiment leur prochain et qui leur sont empathiques, ceux qui ont à cœur le bien-être de leurs semblables et pour l’infirmier Kenol ça n’a rien à voir avec le sexe.
Pour celui qui exerce le métier depuis tantôt 8 ans, le plus grand défi auquel il fait face est le manque de ressources matérielles mises à leur disposition et le mauvais comportement affiché par les membres de la Population vis-à-vis des prestataires de soins.
« Je suis conscient qu’en Haïti plus d’un ne voit pas d’un bon œil qu’un homme puisse exercer le métier des sciences infirmières. Je voudrais inviter d’autres hommes à ne pas se laisser intimider par de tels propos », a fait remarquer Archil Kenol qui ajoute « c’est seulement en pratiquant cette profession qu’on finit par se rendre compte de sa grande importance ».
Pour sa part, Weggens Appolon a lui aussi étudié à la Faculté des Sciences Infirmières Notre-Dame du Perpétuel Secours de Jérémie et a obtenu sa licence depuis 3 ans.
L’infirmier confie que son rêve a toujours été de devenir médecin mais que sa famille ne voulait pas qu’il se rende à Port-au-Prince, craignant des mauvais traitements chez les gens qui l’auraient hébergé. C’est dans cette optique que son choix s’est porté sur les sciences infirmières.
Celui qui travaille en santé communautaire se souvient qu’il avait par ailleurs réussi à intégrer la faculté d’agronomie de Jérémie et qu’il avait même commencé à y suivre des cours. Plusieurs difficultés lui ont par la suite poussé à renoncer à ses études en agronomie pour se consacrer uniquement aux sciences infirmières.
Aux côtés de près de 35 femmes de sa promotion, ils n’étaient que 7 hommes selon les précisions de Weggens Appolon qui est sorti le premier lauréat de la promotion.
10 de ses anciens camarades en sciences infirmières travaillent maintenant dans le même hôpital que lui a souligné Weggens Appolon qui adresse un message à ceux qui hésitent encore.
« Aux hommes réfractaires de professer le métier, je voudrais vous dire que les soins infirmiers sont un sacerdoce et non un métier où l’on peut exercer pour remplir les poches », prévient l’infirmier en santé communautaire.
Il se propose comme exemple pour tous ces hommes qui craignent le regard des autres et les enjoint à se battre pour leur rêve tout en soulignant à leur attention que les infirmiers représentent un maillon vraiment important dans le système de santé.
Le plus important, selon Weggens Appolon, c’est d’avoir confiance en soi et de ne pas se laisser décourager par les nombreux obstacles qui pourraient se dresser sur son chemin.
Il importe de souligner que le travail de l’infirmier (ère) consiste entre autres à accompagner le patient dans sa douleur, tant physique que psychologique. Il (elle) a une mission d’information et d’éducation du patient et transmet ses observations concernant l’état du patient au médecin.