Depuis un certain temps, des révélations de plus en plus accablantes sont apparues au grand jour sur le fonctionnement chaotique de plusieurs missions diplomatiques haïtiennes à l’étranger.
Réagissant, ce lundi 8 mai, aux multiples scandales qui affectent la diplomatie haïtienne à l’émission Panel Magic diffusée sur les ondes de la Radio Magic 9, Evalière Beauplan qui a dirigé la commission des affaires étrangères du Sénat à plusieurs reprises, a indiqué que des problèmes majeurs ont été constatés dans le fonctionnement de la diplomatie haïtienne et documentés dans deux rapports d’évaluation préparés en 2016 et en 2017.
Allégations de corruption et d’agression sexuelle, vente de passeports haïtiens à des étrangers et à des diplomates qui adoptent la nationalité des pays d’accueil, la diplomatie haïtienne vit au rythme de scandales ces derniers jours. De Tokyo à Washington en passant par Santiago de Chili, des représentants du gouvernement haïtiens à l’étranger n’ont pas le sommeil tranquille.
C’est dans cette perspective que l’ambassadeur d’Haïti à Washington, Bocchit Edmond, a été officiellement licencié au début de ce mois, suite à des accusations de corruption. Le pays d’accréditation, les États Unis d’Amérique, a été notifié de cette décision, a confirmé le ministre des affaires étrangères et des Cultes, Jean Victor Généus, au journal Le Nouvelliste, la semaine dernière.
En poste à Washington depuis décembre 2020, l’ex ministre des Affaires étrangères sous la présidence de Jovenel Moïse s’est défendu dans une déclaration écrite, publiée le jeudi 4 mai 2023.
« Des allégations farfelues prétendent vouloir m’impliquer dans des actes malhonnêtes et préjudiciables aux intérêts de l’État. Je m’inscris en faux face à cette cabale orchestrée de mains de maître qui ne vise qu’à ternir mes 32 ans de service public dans la diplomatie de mon pays.
En attendant que les autorités compétentes informent enfin le grand public des conclusions de la commission interministérielle qui a enquêté sur la question du 18 au 21 avril 2023, je tiens à signaler que je ne suis responsable d’aucun acte préjudiciable, voire de corruption, en tant qu’Ambassadeur de mon pays à Washington ».
Pour sa part, l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) annonce avoir diligenté une enquête sur les allégations de corruption.
Ces rapports ont montré un manque de synergie entre l’unité de passeport à Washington et l’ambassade, l’absence des stratégies diplomatiques définies par le MAE, l’absence d’instruction du ministère aux diplomates lors des votes dans des Organisations Internationales, des problèmes de loyer pour les missions diplomatiques et consulaires, des retards dans le versement des salaires aux employés, les retards dans le renouvellement des cartes d’accréditation et des passeports diplomatiques entre autres.
L’ex parlementaire dénonce qu’aucune suite n’ait été donnée aux recommandations de la commission.
« De 2012 à 2020 qui marque la fin de la dernière législature, aucun diplomate en poste à l’étranger n’a été ratifié par le Sénat de la République, ce qui constitue une faiblesse pour la diplomatie haïtienne », a révélé l’ancien président de la commission des affaires étrangères du grand corps, Evalière Beauplan.
Par ailleurs, il précise que l’unité de production des passeports à Washington, chargée de produire ce document pour toutes les missions diplomatiques, est sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales et non sous la responsabilité du Ministère des Affaires Étrangères. Ainsi, il appelle le MICT à assurer la rotation et la formation de ces fonctionnaires qui cumulent plusieurs années de service dans cette unité et l’établissement de bons rapports entre ces agents et l’Ambassade.
D’autre part, l’ancien élu du Nord’Ouest dénonce le comportement de certains diplomates haïtiens qui adoptent la nationalité du pays d’accueil en violation aux normes diplomatiques.
Pour redresser la barque de la diplomatie haïtienne minée par des scandales à répétition, l’ancien président de la commission des affaires étrangères du Sénat de la République, Evalière Beauplan propose la réalisation d’un audit général dans les missions diplomatiques et que l’ULCC et la Cour Supérieure des Comptes assument leurs responsabilités envers les coupables.
En ce qui a trait aux nominations dans les différents postes au sein des missions diplomatiques et consulaire, il propose que l’Office de Management des Ressources Humaines (OMRH) s’occupe de l’étude des dossiers, l’organisation régulièrement par le ministère des affaires étrangères des conférences sur une base régulière pour les chefs de missions pour leur donner des directives ainsi que d’assurer la rotation, le contrôle et le recyclage du personnel diplomatique.