Forum sur la sécurité : les organisateurs satisfaits et la population attend des résultats
Il y a maintenant 23 ans, depuis que le Président Directeur Général de la Radio Haïti Inter, Jean Léopold Dominique, a été assassiné ainsi que le gardien de la station, Jean Claude Louissaint, sur la cour de la radio à Delmas. Toujours aucune avancée dans ce dossier qui reste bloqué à la cour d’appel de Port-au-Prince et à la cour de cassation, précise l’Association des journalistes haïtiens (AJH) dans une note publiée pour l’occasion.
Le dossier de ce double assassinat qui fait défrayer la chronique est l’un parmi tant d’autres concernant des travailleurs de la presse qui continuent de stagner au niveau de la justice comme l’assassinat de Brignol Lindor en 2001 et la disparition de Vladjimir Legagneur en 2018.
Ainsi, tout en dénonçant le non aboutissement du dossier, l’AJH continue d’interpeller la justice haïtienne à assumer ses responsabilités.
« 23 ans après, l’Association des journalistes haïtiens est choquée du fait que les criminels courent toujours les rues. Pour des raisons inexplicables le dossier est coincé par devant la cour d’Appel et la Cour de cassation. L’AJH dénonce ce déni de justice qui ne fait qu’encourager les assassins des journalistes à tuer en toute impunité », peut- on lire dans cette note dont une copie a été acheminée à notre rédaction.
« Ce 3 avril 2023, l’Association des journalistes haïtiens enjoint une fois de plus les journalistes à faire preuve de solidarité, plus que jamais, afin que ce cycle de l’impunité néfaste, particulièrement pour la corporation cesse, et que les auteurs et co-auteurs de l’assassinat de Jean Léopold Dominique et Jean Claude Louissaint puissent enfin être jugés ».
Dans le même temps, l’AJH interpelle les autorités judiciaires du pays sur la nécessité d’élucider les multiples cas d’assassinats de journalistes toujours dans les tiroirs, et redorer du coup le blason de la justice haïtienne”, conclut la note.
Pour sa part, le président de l’Association nationale des Médias haïtiens (ANMH), Jacques Sampeur exprime ses inquiétudes par rapport à l’aboutissement de cette enquête. Jacques Sampeur en profite pour dénoncer le laxisme des autorités judiciaires dans le cadre de ce dossier.
De son côté, Me Marc Antoine Maisonneuve, avocat du barreau de Port-au-Prince se montre très perplexe quant à la réalisation d’un procès dans le cadre de cette affaire.
« Je suis sceptique quant à l’aboutissement de ce dossier qui a été trop longtemps mis dans un coin. On n’a jamais vu une affaire en justice en Haïti qui soit finalement traitée après toutes ces années en vue de rendre justice à la famille de la victime. Ça arrive dans les pays où les droits de l’homme sont respectés » a déclaré l’homme de loi.
Selon lui, faire traîner des affaires en justice rentre dans de la cadre d’une pratique de corruption et de vassalisation de l’appareil judiciaire qui n’est pas indépendant.
« Pour ma part, je crains que les dossiers de Maître Monferrier Dorval et du président Jovenel Moïse n’aient le même résultat que celui de Jean Dominique. » a ajouté Me Marc Antoine Maisonneuve.
Au cours des 20 dernières années, près d’une dizaine de juges et de commissaires du gouvernement ont été appelés à travailler sur le dossier de Jean Léopold Dominique mais ils ont dû abandonner l’affaire en raison notamment de menaces, d’intimidations et de démissions forcées.
Il a fallu attendre la publication du rapport du juge Yvickel Dabrésil par la cour d’appel de Port-au-Prince le vendredi 17 janvier 2014 qui a identifié près d’une dizaine de proches de l’ancien président Jean Bertrand Aristide comme responsable de ce crime, dont l’ancienne sénatrice Mirlande Lubérus Pavert, Annette Auguste alias Sô Ann, décédée, Gabriel Harold Sévère, Frantz Camille alias Franco…