La commune de Pestel, dans le département de la Grand-Anse, arrondissement de Corail, fait face à une grande sécheresse, occasionnée par une absence de pluie depuis environ 4 mois. En conséquence, des récoltes sont perdues, de nombreux animaux sont morts et une maladie qui s’apparente à la gale a touché de nombreux riverains.
« À Pestel, la population utilise l’eau de pluie qui est stockée dans des réservoirs. Aujourd’hui, ils sont quasiment vides. Les gens utilisent le peu d’eau restant, qui est presqu’au niveau du sol, ce qui provoque la gratelle » a expliqué Marie Hélène Lespérance, maire de Pestel.
En effet, tous les jours le centre de santé de Pestel reçoit au moins 3 à 4 patients souffrants de gratelle, parmi lesquels, des cas s’avérant très grave a fait savoir Frednel Semerant, médecin responsable du centre précité.
« Les gens se servent de l’eau impure sans que l’eau soit d’abord filtrée et sans y avoir ajouté du chlore» a-t-il déploré. A Pestel, la sécheresse est un problème récurrent qui s’est aggravé avec le séisme du 14 août 2021 qui a ravagé la péninsule du sud d’Haïti; Plusieurs puits ayant été détruits dans cette commune lors de ce tremblement de terre de magnitude 7,2.
« Nous sommes dans une situation difficile. Après que le séisme nous ait laissé les bras ballants, aujourd’hui c’est la sécheresse. J’ai perdu mon jardin de pois et plusieurs de mes animaux sont morts » s’est plaint un riverain de la zone.
À part quelques zones comme Duchity (5eme), Tozia (4ème), les 6 sections communales de pestel dont le centre-ville sont complètement affectés par cette rareté de l’eau.
« Pas un jour ne passe sans qu’on ne reçoive les doléances de plusieurs centaines de personnes ayant perdu leurs récoltes et leurs animaux. » a fait savoir le directeur général de la mairie, Roldy Gilles.
À noter que l’inaccessibilité de l’eau à Pestel survient alors que le pays connaît une résurgence du Choléra qui affiche déjà un bilan de 1.700 cas confirmés et 24.232 cas suspects dont 483 décès et 20.505 personnes hospitalisées selon les dernières données du Ministère de la Santé publique et de la population (MSPP).
D’après Lespérance, les autorités locales, n’ayant pas les ressources nécessaires pour accompagner la population, ont rencontré les différentes organisations établies dans la commune en vue de coordonner une réponse urgente.
Cependant les autorités centrales bien qu’informées de la situation n’ont toujours pas posé d’action.
« Le directeur de la Dinepa au niveau de la Grand-Anse, la délégation départementale… Ils sont tous au courant de la situation mais jusqu’ici, au niveau le plus élevé de l’état, on a eu aucun appui » a martelé la mairesse.
Entre-temps les riverains doivent tous les jours marcher plus d’une heure à la recherche de l’eau, de nombreux enfants ne vont plus à l’école car ils n’arrivent pas à trouver de l’eau pour le bain ou le lavage des uniformes.
« On ne parvient même pas à préparer la nourriture dans les écoles pour nourrir notamment les enfants dont les familles ont des difficultés économiques », a confié Gilles.
Par ailleurs, acheter l’eau livrée dans des camions citernes est au-dessus des moyens des pestelois qui vivent en grande partie de leur agriculture. Dépendamment de l’accessibilité du lieu de livraison, il faut entre 15 000 à 30 000 gourdes pour un camion-citerne d’eau.
Pestel, lieu où se trouve le principal marché de ravitaillement, est une commune avec beaucoup de potentialité tant sur le plan agricole qu’au niveau maritime. Comme tant d’autres communes du pays, elle pourrait attirer de nombreux touristes et contribuer au redressement de l’économie du pays.