Décidément, les autorités haïtiennes se montrent de plus en plus impuissantes face aux groupes criminels qui endeuillent le pays. En effet, on assiste depuis quelques temps à la détérioration du climat sécuritaire du pays particulièrement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince où plusieurs cas d’enlèvements et d’assassinats ont été signalés ces derniers jours. Ce qui aggrave la situation socio – économique du pays déjà en proie à une crise multidimensionnelle avec des effets néfastes sur les aspects économique, politique, sécuritaire et humanitaire.
Alors que le conseil de sécurité des Nations Unies examine depuis octobre dernier une demande officielle du gouvernement haïtien sollicitant l’envoi d’une force multinationale spécialisée pour aider les forces de sécurité haïtiennes dans la lutte contre la prolifération des gangs dans le pays, le Premier Ministre Ariel Henry invite les dirigeants des pays de la CELAC à rejoindre cette initiative.
“J’encourage les pays de la CELAC qui le peuvent, surtout ceux qui connaissent déjà le terrain à nous apporter leur concours. Il ne s’agit pas pour nous de refaire ce qui a échoué dans le passé et de recommencer avec les formules onusiennes qui ont consisté à venir faire le travail à la place des haïtiens. La nouvelle approche que nous privilégions est différente. Cette fois-ci nous demandons un accompagnement robuste de la part des pays frères, pour appuyer les efforts des forces de sécurités locales”, a déclaré le chef du gouvernement haïtien lors de son intervention au VIIe sommet des chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté des États Latino – Américains et des Caraïbes (CELAC), déroulé dans la capitale d’Argentine, Buenos – Aires, le mardi 24 janvier.
“Nous avons besoin de matériels, d’équipements et de formations pour nos forces de l’ordre”, a- t- il précisé.
Il est important de rappeler que des pays de la CELAC comme le Pérou, le Chili, l’Argentine, l’Équateur et l’Uruguay ont envoyé des contingents en Haïti dans le cadre de la MINUSTAH au cours de la période allant de juin 2004 à octobre 2017.
Parallèlement, le conseil de sécurité des Nations Unies s’est réuni une nouvelle fois sur la crise haïtienne ce mardi 24 janvier 2023 à New York.
C’était l’occasion pour Haïti de continuer son plaidoyer en faveur d’un soutien international pour contrer les actions des bandes armées.
” Il n’y a pas de délai car la situation sécuritaire risque de s’aggraver chaque jour. Le déploiement immédiat d’une force internationale spécialisée est un impératif pour maîtriser les gangs armés, rétablir l’ordre et exécuter un plan national de sécurité”, a déclaré d’emblée le représentant permanent d’Haïti auprès des Nations Unies, Antonio Rodrigue.
Le diplomate haïtien en a profité pour rappeler à la communauté internationale que “sans sécurité, on ne peut pas prétendre à des élections honnêtes, transparentes et démocratiques pour le rétablissement et le fonctionnement des institutions dans le pays”.
Pour sa part, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti, Helen La Lime a attiré l’attention de la communauté internationale sur la nécessité de déployer une force militaire en Haïti pour consolider les acquis enregistrés jusqu’ici dans le processus politique.
” L’envoi d’une force multinationale devient de plus en plus crucial car sans ce déploiement international opérant de façon intégrée avec la Police haïtienne, les effets très positifs du processus politique et des sanctions resteront fragiles et susceptibles d’être inversés en Haïti, a déclaré la diplomate américaine dans son rapport sur la situation.
Sur le terrain, la situation reste préoccupante avec la recrudescence des actes de kidnapping et des assassinats même dans les rangs de la Police, sans oublier le contrôle exercé par des gangs sur plus de 50% du territoire de la capitale Port – au – Prince.