Le Secrétaire général des Nations-Unies Antonio Guterres a demandé lundi à tous les pays membres de rejoindre le Kenya en vue de rendre possible la force multinationale qui aura pour mission de combattre les gangs en Haïti. Le diplomate qui félicite le Kenya qui s’est proposé pour prendre la tête de cette mission, a précisé que cette opération internationale ne sera pas sous la couverture de l’ONU.
L’offre du Kenya pour diriger l’éventuelle force multinationale qui sera en déploiement en Haïti a eu un accueil favorable de la part de l’Organisation des Nations Unies, principalement le Secrétaire Général. Antonio Guterres a salué lundi la volonté du Kenya de diriger une force internationale pour aider la police nationale en y envoyant 1000 policiers.
L’année dernière, le gouvernement haïtien a demandé de l’aide pour contrer les exactions des gangs. Guterres a soutenu cette demande et a proposé en octobre qu’un ou plusieurs États envoient une « force d’action rapide » pour soutenir Haïti. Antonio Guterres « évalue la considération du Kenya de diriger une force multinationale non-ONU », a déclaré hier le porte-parole de l’ONU Farhan Haq aux journalistes.
« Le Secrétaire général a réitéré son appel au Conseil de sécurité pour qu’il soutienne une telle opération internationale non-onusienne et encourage les États membres, en particulier de la région, à unir leurs forces avec le Kenya », a déclaré Haq.
Le Canada accueille lui aussi positivement l’annonce du Kenya du week-end dernier. « Nous sommes prêts à travailler avec le Kenya et tous les partenaires afin d’assurer le succès de l’imminente mission de reconnaissance et de tout déploiement éventuel subséquent sous mandat du CSNU », a écrit l’ambassadeur du Canada en Haïti Sébastien Carrière.
Les avis sont divergents en Haïti
À la suite de la proposition du Kenya de prendre le leadership de l’éventuelle force multinationale qui devrait fouler le sol haïtien, des voix se sont élevées dans la société haïtienne pour saluer ou discréditer l’initiative.
« Le Ministre des Affaires Étrangères et des Cultes a reçu avec beaucoup d’intérêt, les déclarations de son homologue kényan confirmant la volonté de son pays d’apporter un appui effectif aux forces de l’ordre haïtiennes dans leur combat pour le rétablissement d’un environnement sécuritaire dans le pays, et même de considérer la possibilité d’assumer le leadership d’une force multinationale dès que le Conseil de Sécurité des Nations Unies aura donné son aval », a écrit la chancellerie haïtienne en réponse au communiqué du Kenya.
Le Secteur Démocratique et Populaire emmené par celui qui se fait appeler avocat du peuple va dans le même sens que le gouvernement haïtien, disant accueillir favorablement l’annonce de la volonté du KENYA de prendre le leadership de la force multinationale et d’envoyer 1000 policiers en HAÏTI. André Michel dans un message publié sur twitter, dit inviter les autres pays membres des Nations Unies à emboîter le pas pour aider Haïti à traverser cette étape difficile.
Par ailleurs, l’ancien chef du gouvernement, Claude Joseph se méfie de la volonté du Kenya de prendre les rênes d’une force multinationale. L’ancien locataire de la Primature s’interroge sur les capacités de la police du pays africain à voler au secours d’Haïti alors que son propre pays fait également face à une crise sociopolitique.
« Le Kenya qui s’est dit prêt à diriger une force internationale en Haïti, est en proie à sa propre crise socio-politique interne. Depuis des mois, des manifestations meurtrières secouent régulièrement le pays. Les manifestations antigouvernementales protestant la cherté de la vie sont violemment réprimées par une police sous coupe réglée suscitant ainsi de vives critiques de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme et de la conférence épiscopale du Kenya », a écrit l’ancien chancelier haïtien.
« Une police qui n’est pas professionnelle dans son pays, peut-elle l’être ailleurs? », a questionné l’ancien Premier ministre.
Le conseil de sécurité des nations unies avait accordé un délai expirant mi-août au secrétaire général Antonio Guterres pour définir une proposition claire sur les options que peuvent adopter le conseil pour aider Haïti en proie avec les gangs armés.