Les ressortissants haïtiens, éligibles pour l’obtention de visas H-2A et H-2B
Quand le général Toussaint Louverture écrivit au second président américain, sollicitant de l’aide pour mater la rébellion de Rigaud.
Ce vendredi 7 avril a ramené le 220e anniversaire de la mort du précurseur de l’indépendance haïtienne, le général Toussaint Louverture.
Pour l’occasion, la rédaction de l’agence d’information en ligne Ted’Actu, publie in extenso une lettre du général Louverture, adressée au président des États-Unis John Adams, le 14 août 1799, alors qu’il était lieutenant-gouverneur de Saint-Domingue.
En effet, nous avons pu obtenir une copie de cette lettre portant la signature de ce grand stratège militaire, acheminée au second président américain John Adams pour solliciter une assistance en matériels et équipements militaires, dans ses démarches pour contrer la progression des rebelles de Rigaud dans la Colonie de Saint Domingue, dans le cadre de la « guerre du Sud » appelée encore la « guerre des couteaux ».
Voici la teneur de cette correspondance:
Toussaint Louverture
Général en chef de l’armée de Saint Domingue
À Monsieur John Adams,
Président des Etats-Unis d’Amérique,
Monsieur le Président,
Monsieur Edward Stevens m’a communiqué la lettre que vous lui avez écrite relativement aux mesures que vous avez prises par votre proclamation ; je n’ai pu voir sans plaisir votre attention aux mesures sur les convenances et les localités d’un Pays que vous ne prévoyiez pour devoir être si-tôt exposé aux fureurs de la guerre civile.
Rigaud qui commandait sous mes ordres le Département du Sud de Saint – Domingue, pour satisfaire son orgueil et son ambition vient de lever l’étendard de la révolte contre son chef légitime, contre l’autorité nationale. Secouant partout les brandons de la discorde, il a allumé la guerre civile dans son propre pays. Il a commencé ses hostilités par la surprise des Grand et Petit-Goâve, et l’assassinat des blancs qu’il y trouva fut le prélude de ses forfaits.
Cette conduite criminelle et atroce força l’Agent du Gouvernement à le déclarer rebelle, à le mettre hors la loi, et à requérir la force pour le punir de ses attentats. Je dirigai en conséquence la force armée de Saint-Domingue sur le Département du Sud. Mais le machiavélisme de ce rebelle qui se préparait depuis longtemps à l’exécution de son projet infâme avait fait germer dans le Nord et dans l’Ouest ses principes de destruction.
Et alors qu’à la tête de l’armée sous mes ordres, je reprenais le Grand-Goâve et me disposer à poursuivre les rebelles jusqu’aux extrémités du Sud, les hommes de couleur dans tous les quartiers du Nord et de l’Ouest, organisant partout la révolte, complotèrent contre la sureté publique, chacun dans leurs quartiers respectifs.
Le Môle fut le premier à déclarer sa révolte. J’accourus aussitôt pour l’arracher aux rebelles ; et mon passage à Saint-Marc et aux Gonaïves y détourna le même malheur. Un jour plus tard ces deux endroits succombaient sous les efforts des conspirateurs.
Forcé par ces incidents de ralentir ma marche sur le Môle, je ne pus y arriver assez tôt pour empêcher la propagande de cette insuréction qui devait être générale. Elle gagne le Jean Rabel et la dépendance de Port-de-Paix, dont la ville cernée de toute part ne laisse plus à son commandant que la résolution de s’ensevelir sous ses ruines plutôt que de trahir ses devoirs en se rendant à des brigands. Instruit du danger de cette ville, je courus la dégager.
En effet, mon arrivée intimida les rebelles qui se replièrent à Jean Rabel où, couverts de leurs fortifications, ils attendent les troupes que je fais venir pour les réduire.
De tous les moyens coercitifs que je peux employer pour comprimer la criminelle audace du rebelle Rigaud et des sectateurs de la révolte je ne puis faire usage que de ceux que m’offrent la nature du pays ; mais il en est de bien puissamment répressifs qui me manquent, ce sont ceux qu’offrent la mer.
Sans marine, les forbans du Sud qui infestent nos côtes pillent et assassinent impunément français et étrangers qu’ils rencontrent et se portent à des excès qui outragent le ciel et la terre.
Ils renforcent avec leurs barges les places rebelles du Nord sans que je puisse y mettre obstacle par le défaut de bâtiment propre à donner la chasse à ces forbans.
C’est pour mettre un terme à leur piraterie, pendant que je m’occuperai à les réduire par terre par la force des armes, que confiant dans votre loyauté, dans vos principes de justice, je vous fais la demande de quelques bâtiments armés en guerre qui puissent remplir l’objet proposé.
En acquiesçant à ma demande, vous aurez la gloire d’avoir concourir votre nation à l’extinction d’une rébellion odieuse aux yeux de tous les gouvernements de la terre.
C’est peu que votre proclamation vous ayez d’efendu l’entrée des bâtiments de votre nation dans les ports de Saint – Domingue autres que le Cap et le Port-Républicain. Cette mesure se trouvera sans effet si vous n’obligez à son exécution par une force coercitive quelconque.
Ainsi en adhérant à la demande que je vous fais de quelque bâtiments de guerres, vous réprimez une rébellion qu’il est de l’intérêt de tous les gouvernements d’étouffer, et vous faites exécuter les propres volontés du gouvernement dont vous êtes l’organe.
C’est dans l’éspoir de vous voir adhérer à ma demande, que je vous renouvelle l’assurance de mon estime et de ma vénération particulière ainsi que de tous les autres sentiments que vous m’avez inspirés et avec l’honneur d’être respectueusement.
Monsieur le Président, votre très humble et très obéissant serviteur.
Général Toussaint Louverture