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Alors que l’enquête sur l’assassinat du 58ème président haïtien piétine dans son pays, les autorités judiciaires américaines annoncent avoir réalisées des avancées considérables.
Les agents fédéraux américains ont procédé à l’arrestation, ce mardi 14 février, de quatre suspects dans le sud de la Floride, accusés d’avoir joué un rôle clé dans le complot visant à tuer le président haïtien Jovenel Moïse, rapporte le Miami Herald.
Les arrestations locales du propriétaire d’une société de sécurité de la région de Miami et de son associé, d’un financier de Weston et d’un exportateur de Tampa marquent un tournant dans une enquête qui se concentre désormais sur les armes, les gilets balistiques et le financement qui, selon les autorités, ont alimenté ce complot meurtrier exécuté dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.
Ces arrestations effectuées plus d’un an et demi après le début de l’enquête des autorités fédérales concernent Antonio “Tony” Intriago, propriétaire de la société Counter Terrorist Unit Security (CTU) basée à Doral ; Arcángel Pretel Ortiz, exploitant de la société affiliée CTU Federal Academy LLC et Walter Veintemilla, directeur de Worldwide Capital Lending Group, basé à Miramar. Ils sont accusés d’avoir soutenu une conspiration visant à enlever ou à tuer le président d’Haïti.
Le quatrième accusé, Frederick Bergmann Jr, a été décrit comme faisant partie de la branche financière de l’opération. Il est accusé d’avoir conspiré pour faire passer des gilets pare-balles à d’anciens soldats colombiens qui auraient tiré sur l’ex chef d’Etat et blessé grièvement son épouse Martine Moïse.
Il est également accusé d’avoir omis de déposer des documents d’exportation valides lorsque les 20 gilets pare-balles de contrebande ont été expédiés le 10 juin 2021 de Miami vers Port-au-Prince avant l’assassinat.
La cargaison était marquée “gilets médicaux à rayons X et fournitures scolaires, précise le journal Floridien.
«Si le meurtre du président Moïse a eu lieu à Port-au-Prince, en Haïti, l’essentiel de la planification, du financement et de la direction du complot visant à renverser violemment le président s’est déroulé ici même aux États-Unis, dans le district sud de la Floride, à partir du début de 2021» a déclaré le procureur des États-Unis, Markenzy Lapointe dans une conférence de presse tenue ce mardi 14 février, au bureau du procureur des États-Unis dans le centre-ville de Miami.
“L’argent et le pouvoir ont alimenté le renversement du président d’Haïti”, a révélé le responsable.
Les 4 accusés ont comparu pour la première fois devant un tribunal fédéral peu après la conférence de presse. Les audiences de mise en détention sont prévues pour vendredi.
Ce qui porte à onze, le nombre de personnes inculpées et placées en détention aux États-Unis dans le cadre de cette vaste enquête policière qui a permis de mettre la main sur des ressortissants américains, haïtiens, vénézuéliens et colombiens, ainsi que sur des personnes ayant la double nationalité haïtienne et américaine.
«Leurs actions ont violé la loi américaine et ils doivent maintenant faire face à la justice américaine», a déclaré Matthew G. Olsen, procureur général adjoint à la division de la sécurité nationale du ministère de la Justice avant d’ajouter que «les États-Unis ne toléreront pas ceux qui complotent depuis notre sol pour perpétrer des actes de violence à l’étranger, tout comme nous ne tolérerons pas ceux qui, hors des États-Unis, comploteraient pour mener des actes de violence dans notre pays.»
Il a qualifié le prétendu projet d’assassinat de «tragédie humaine et d’atteinte aux principes démocratiques fondamentaux».
Monsieur Lapointe a, de son côté, précisé que les personnes arrêtées peuvent être divisées en trois groupes : les planificateurs et les financiers qui étaient basés dans le sud de la Floride, les opérateurs qui ont servi sur le terrain en Haïti et le troisième groupe qui a engagé des soldats qui ont voyagé de la Colombie à Haïti pour mener à bien cette mission.
«Les planificateurs et les organisateurs du sud de la Floride étaient les accusés Arcángel Pretel Ortiz et Antonio Intriago», a déclaré M. Lapointe, ajoutant que les deux hommes, qui dirigeaient la CTU, “ont conçu le plan macabre».
Ce plan, selon une plainte pénale, impliquait que les deux co-conspirateurs se désignant eux-mêmes comme “colonel” et “général”, utilisent des surnoms pour eux-mêmes et des mots de code pour les armes et les munitions.
Dans des SMS échangés entre eux, ils qualifiaient Jovenel Moïse de “rat” et de “voleur”, et l’opération de coup d’État de “fête”, selon la plainte pénale déposée contre les trois accusés. Les armes à feu étaient également décrites comme des “instruments”.
En préparant l’opération, les suspects comptaient sur l’impopularité du président et espéraient que les manifestations leur fourniraient une couverture pour le renverser, tout en pariant sur l’immunité d’une juge de la Cour suprême.
La juge, Windelle Coq Thélot, qui n’est pas nommée dans la plainte, est apparue comme le nouveau prétendant au remplacement de Moïse.
L’enquête conjointe du FBI et de Homeland Security Investigations visait initialement des suspects appréhendés en Jamaïque, en République dominicaine et en Haïti, dont plusieurs ont été relocalisés à Miami en attendant leur procès. L’enquête s’est maintenant concentrée sur le réseau du Sud de la Floride qui a planifié une prise de pouvoir violente en Haïti dans les mois précédant l’assassinat, ont déclaré les autorités.
Il importe de rappeler que plus d’une quarantaine de personnes sont en détention en Haïti dans le cadre de cette affaire, dont deux chefs des unités affectés à la sécurité du Palais National et la famille présidentielle, Dimitry Hérard et Jean Laguel Civil.