10 ans après la loi du 12 mars 2014 : 87 enquêtes, un seul verdict !
La question du statut des travailleurs haïtiens divise la République dominicaine. Alors que les déportations massives affectent des secteurs clés, comme celui de la construction, des voix s’élèvent pour proposer une régularisation encadrée. Cependant, l’opposition et une partie des décideurs restent réticents à cette idée.
Face aux impacts économiques des expulsions quotidiennes d’Haïtiens, le Parti Révolutionnaire Moderne (PRM) propose la création d’un registre permettant aux travailleurs haïtiens d’exercer légalement leurs activités. « J’ai proposé un système d’enregistrement avec des documents renouvelables pour résoudre ce problème », a déclaré Ramón Bueno, président de la Commission permanente des Forces armées à la Chambre des députés, tout en appelant à l’élaboration d’une législation adaptée.
Selon Bueno, cette mesure imposerait aux employeurs une responsabilité légale : « Chaque homme d’affaires devra déclarer : “J’ai 80 Haïtiens qui travaillent, mais en toute légalité.” »
Une opposition divisée
Dagoberto Rodríguez, sénateur indépendant, adopte une position mitigée. Bien qu’il prône une « dominicanisation » des professions, il reconnaît que la régularisation des travailleurs haïtiens pourrait devenir une option inévitable : « Si nous n’y parvenons pas, nous devons envisager de régulariser la situation des travailleurs haïtiens », a-t-il affirmé.
Circe Almanzar, ancienne vice-présidente de l’Association de l’industrie de la République Dominicaine (AIRD), opte pour une approche différente, rappelant l’importance de respecter le quota légal qui limite à 20 % la main-d’œuvre étrangère dans les entreprises locales. « Tout manquement à cette règle doit être sanctionné », a-t-elle insisté, citant les dispositions de la loi 16-92.
Les acteurs économiques en alerte
L’Association dominicaine des constructeurs et promoteurs de logements (ACOPROVI), de son côté, multiplie ses efforts pour promouvoir les métiers de la construction auprès des nationaux. L’objectif : réduire la dépendance aux travailleurs étrangers, formaliser davantage le secteur et renforcer le cadre réglementaire.
Cependant, le président Luis Abinader reste inflexible. Réaffirmant sa politique migratoire stricte, il maintient les expulsions massives. Selon des chiffres officiels, plus de 50 000 Haïtiens ont été déportés, et environ 20 000 autres auraient traversé volontairement la frontière pour éviter les expulsions forcées.
Un débat aux multiples enjeux
Ce débat sur la régularisation des travailleurs haïtiens met en lumière les tensions entre la nécessité de protéger l’économie dominicaine et celle de respecter les droits humains. Pour l’instant, aucune solution consensuelle ne semble se dessiner.