Jean-Ardouin Louis-Charles, directeur médical de l’hôpital Sanatorium, alerte sur les risques croissants de propagation de la tuberculose et d’autres maladies endémiques parmi les populations déplacées en Haïti. Ces personnes, contraintes de fuir leurs foyers à cause des attaques de gangs armés, vivent dans des camps inadaptés et surpeuplés, où l’accès aux soins est quasi inexistant.
La surpopulation, combinée à l’insalubrité des camps et à l’absence de services de santé, crée des conditions idéales pour une recrudescence de la tuberculose. Le docteur Louis-Charles met en garde : « Cette situation pourrait déboucher sur une crise sanitaire sans précédent. »
Haïti figure déjà parmi les pays les plus touchés par le bacille de Koch (BK), agent pathogène de la tuberculose, qui se transmet par voie aérienne. En 2022, le pays enregistrait une incidence de 159 nouveaux cas pour 100 000 habitants.
Les conditions précaires dans lesquelles vivent près de 700 000 déplacés internes aggravent les risques d’expansion de la maladie. Pire encore, Port-au-Prince ne dispose actuellement d’aucun centre capable de prendre en charge les personnes infectées.
Depuis fin 2023, l’hôpital Sanatorium, situé à Carrefour-Feuilles, est sous le contrôle de gangs armés. Ces derniers ont pillé et détruit les équipements médicaux, obligeant les médecins, le personnel soignant et les patients à fuir. « Ce climat de violence compromet non seulement l’accès aux soins, mais également les efforts de lutte contre la maladie », déplore le docteur Louis-Charles, qui craint une augmentation des cas de tuberculose résistante aux médicaments, exacerbée par les interruptions de traitements.
L’hôpital, doté d’une capacité d’environ 100 lits et de près de 150 employés, était l’unique centre universitaire spécialisé dans le traitement des maladies pulmonaires en Haïti, notamment la tuberculose, le VIH et d’autres pathologies relevant de la médecine interne. Aujourd’hui, non seulement les soins sont suspendus, mais les étudiants en médecine ne peuvent plus poursuivre leur formation.
Malgré tout, l’équipe médicale du Sanatorium continue d’assurer des consultations de manière précaire depuis la rue Berne, où elle s’est provisoirement réfugiée, en attendant de trouver un espace adapté.