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Où sont les victoires promises face aux gangs, Monsieur Paraison ?
Installé le 8 août dernier avec la promesse solennelle de « rétablir la sécurité dans tout le pays », le Directeur général a.i. de la Police nationale d’Haïti (PNH), André Jonas Vladimir Paraison, se retrouve, plus de trois mois après, au cœur d’un questionnement aigu sur l’efficacité de son action.
Malgré quelques opérations musclées et l’usage de nouvelles technologies, comme les drones kamikazes, l’insécurité demeure critique, les gangs continuant d’étendre leur emprise de l’Ouest à l’Artibonite.
Alors que l’exécutif promet un « bon Noël » à la population et menace implicitement les responsables policiers de sanctions, les faits concrets peinent à confirmer l’inversion de la tendance annoncée.
Un bilan mitigé face à l’expansion criminelle et à la reprise des enlèvements
Lors de son investiture, M. Paraison avait insisté sur le rétablissement de l’ordre, notamment dans l’Ouest et l’Artibonite, ainsi que sur la collaboration accrue entre la police et la population.
Mais sur le terrain, les résultats se font attendre, au-delà d’actions ponctuelles :
- Une victoire contestée : la reprise de Delmas 19, saluée comme un succès après l’opération du 5 octobre, a été relativisée par l’annonce d’un « retrait volontaire » du gang de Jimmy Chérizier, laissant planer le doute sur la réelle récupération du territoire.
- Des opérations de forte intensité : l’offensive menée le dimanche 2 novembre à Simon Pelé et Village Solidarité, visant le chef de gang « Jouma », aurait entraîné des pertes chez les présumés bandits. Cependant, l’absence de bilan officiel entretient l’incertitude quant à la portée réelle de l’action.
- Des territoires toujours perdus : dans le Bas de la Ville, les tirs sporadiques persistent, et aucun secteur n’a été officiellement reconquis. Pire encore, les gangs consolident leur présence dans le Centre et l’Artibonite, en recrutant des « soldats expérimentés » issus de groupes d’autodéfense.
La résurgence du kidnapping confirme l’échec de la dissuasion
Ces dernières semaines, en parallèle des affrontements armés, le kidnapping a repris avec force dans la zone métropolitaine, notamment à Delmas 31, 33 et 75. Cette recrudescence illustre l’incapacité de la PNH à maintenir une présence dissuasive durable.
L’enlèvement du curé Jean Julien Ladouceur, le 22 octobre à Delmas 31 avec trois autres personnes, a profondément choqué l’opinion publique. Si le religieux a été libéré six jours plus tard contre rançon, les trois autres otages se trouvent toujours aux mains de leurs ravisseurs à la date de la rédaction de cet article.
La facilité avec laquelle les gangs frappent des figures publiques démontre que la puissance du crime organisé demeure intacte, voire renforcée, malgré le changement de commandement.
Sous la pression politique, le spectre des sanctions
Le travail du DG a.i. Paraison est désormais placé sous la loupe d’un pouvoir politique de plus en plus impatient.
Le Conseiller présidentiel Smith Augustin a récemment promis un « bon Noël » à la population, liant implicitement cette amélioration à la performance du chef de la PNH. Il a même averti, sans le nommer, qu’un responsable policier pourrait en « payer le prix fort » si la promesse n’était pas tenue, un avertissement qui fait écho aux propos du Conseiller Leslie Voltaire.
Pendant ce temps, la coalition Viv Ansanm menace de boycotter les élections, dénonçant la priorité donnée au calendrier électoral au détriment de la sécurité publique. Ce décalage entre la pression politique et la réalité sécuritaire place M. Paraison dans une position intenable : il doit produire des résultats concrets tout en résistant à une instrumentalisation politique de son action.
L’attente d’un coup d’éclat
Au-delà de la seule opération de Delmas 19, le véritable test pour André Jonas Vladimir Paraison réside désormais dans sa capacité à :
- Stopper l’expansion territoriale des gangs, notamment dans l’Artibonite ;
- Endiguer la vague de kidnappings dans la capitale ;
- Et reprendre durablement les zones de souveraineté étatique tombées sous le contrôle des criminels.
Sans un coup d’éclat décisif et une communication transparente sur ses résultats, le nouveau chef de la PNH risque de rester l’homme d’une promesse non tenue, et de subir le courroux d’un exécutif en quête de boucs émissaires pour justifier un échec sécuritaire désormais chronique.