Mete tout kalite koulè nan cheve, yon pratik ki chaje ak konsekans

Dans un entretien exclusif accordé au Dr Jean Fils-Aimé, Joverlin Moïse, fils aîné du défunt président Jovenel Moïse, brise le silence. Il lève le voile sur les coulisses du pouvoir sous la présidence de son père : ingérences étrangères, manipulations politiques, choix imposés par Washington, trahisons internes et planification d’un assassinat. Des révélations-chocs qui, si elles sont avérées, redessinent les contours de l’histoire politique récente d’Haïti.
Joverlin Moïse ne mâche pas ses mots. Selon lui, contrairement à la version largement répandue, Michel Joseph Martelly n’a pas été l’artisan de l’arrivée de Jovenel Moïse au pouvoir. « Mon père a été choisi par Washington », affirme-t-il sans détour. Il soutient que, dès le départ, l’administration américaine pesait lourdement sur la gouvernance haïtienne.
Toujours selon le fils du président assassiné, Jovenel Moïse était contraint de suivre certaines directives venues de l’étranger, allant jusqu’à devoir changer de Premier ministre sous pression américaine. Il cite notamment le remplacement de Claude Joseph par Ariel Henry, qu’il qualifie de « coup orchestré par les États-Unis ».
Mais tout n’a pas été passif. Joverlin affirme que son père a progressivement pris conscience de cette emprise étrangère au fil de son mandat, notamment en tentant d’orienter certaines décisions économiques et politiques dans l’intérêt national. Il évoque la remise en question de contrats énergétiques douteux, la volonté de réformer la gestion des fonds publics et la confrontation avec de puissants intérêts du secteur privé.
« Il y avait un calme suspect dans le pays. Plus de manifestations, plus de dénonciations. C’était le silence avant la tempête », dit-il. Selon lui, ce revirement du président Moïse a été perçu comme une menace par des groupes puissants, qui auraient alors enclenché le plan d’assassinat, avec la complicité tacite de puissances étrangères.
Un président isolé, une famille en danger
Joverlin révèle que la famille présidentielle était consciente du danger imminent. « Nous savions que notre vie était menacée, mais nous avions une foi aveugle dans la justice américaine, croyant naïvement qu’ils n’autoriseraient jamais un tel crime au XXIe siècle », regrette-t-il.
Le 7 juillet 2021…« Un événement qu’on appréhendait, mais qu’on ne croyait pas que les USA permettraient d’arriver… Vu que le dernier président haïtien assassiné, en l’occurrence Vilbrun Guillaume Sam, a provoqué l’invasion et l’occupation américaine en 1915. Mon père abordait avec nous des sujets complexes comme le dossier du pétrole, le financement des gangs de rue, le kidnapping, etc. Et on avait des noms, donc on savait qu’on était en danger. Mais dans ma naïveté, et vu qu’on est à l’ère des réseaux sociaux, je ne pensais pas que les USA permettraient l’assassinat de mon père. »
Il ajoute que le président Jovenel Moïse était souvent tenu à l’écart de nombreuses décisions prises en son nom, malgré son statut de chef de l’État. « Il était parfois le dernier informé des grandes décisions étatiques, ce qui en dit long sur le fonctionnement du pouvoir à l’époque », souligne-t-il.
Un système électoral sous contrôle étranger
Interrogé sur le processus électoral en Haïti, Joverlin Moïse porte un regard amer sur la démocratie haïtienne. Il affirme que les candidats à la présidence sont tous choisis par les États-Unis et que le vote populaire haïtien n’est souvent qu’une illusion — un simple habillage destiné à légitimer des décisions déjà actées en coulisses.
Une onde de choc politique ?
Ces déclarations de Joverlin Moïse, si elles trouvent un écho dans l’opinion ou sont étayées par des preuves, pourraient bouleverser la lecture que l’on fait de la présidence de Jovenel Moïse et des circonstances de son assassinat. Elles soulèvent aussi une question fondamentale : Haïti a-t-elle réellement le contrôle de son destin politique ?
Ce témoignage, brutal et sans filtre, survient à un moment où le pays cherche encore justice, vérité et souveraineté.