Assassinat de Monferrier Dorval : Merlan Belabre, 4e juge désigné pour instruire le dossier

À la veille de la passation de pouvoir au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), une promesse flotte dans l’incertitude, comme tant d’autres engagements politiques en Haïti. En janvier dernier, Leslie Voltaire, à la tête du CPT, s’était fixé un objectif ambitieux mais crucial : rouvrir au moins une route nationale avant de céder sa place à Fritz Alphonse Jean. À 24 heures de la transition, force est de constater que cet engagement s’est évaporé dans l’inaction.
Les attentes étaient grandes. Les principaux axes menant vers le Nord, la frontière dominicaine et les départements centraux, bloqués par des gangs armés, devaient être libérés. Martissant, ce verrou infernal qui asphyxie la capitale, figurait aussi parmi les priorités. Pourtant, en ce 6 mars, aucune de ces artères stratégiques n’a été récupérée. Pas un seul corridor vital sécurisé. L’État recule, les gangs avancent, et la population demeure prisonnière d’un territoire morcelé par la violence.
Cette incapacité à tenir une promesse aussi symbolique qu’essentielle jette un discrédit supplémentaire sur une transition déjà contestée. Pendant son mandat, Leslie Voltaire a multiplié les rencontres internationales : deux entretiens avec le président colombien Gustavo Petro, une audience avec le Pape, une semaine en Europe, et plusieurs conseils des ministres… essentiellement consacrés à des nominations administratives.
Mais sur le front de la sécurité, où sont les résultats ? Combien de chefs de gang neutralisés ? Quelle avancée concrète dans la libération du territoire ? La réponse est limpide : rien, ou presque.
Mardi 4 mars, à 48 heures de la fin de son mandat, le président du CPT s’est empressé d’inaugurer l’aéroport international Antoine Simon… alors même que les travaux ne sont pas terminés. Sur les réseaux sociaux, les critiques fusent.
Cet échec illustre une constante dans la gouvernance haïtienne : un gouffre entre les annonces et la réalité. Les promesses sont faites pour rassurer, rarement pour être tenues.
Le 7 mars, un nouveau dirigeant prendra la tête du CPT. Il héritera d’un pays où se déplacer d’une ville à une autre relève toujours du parcours du combattant.
D.D