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Dans les locaux du lycée Marie-Jeanne à Port-au-Prince, où des centaines de personnes se réfugient pour fuir la violence des gangs, des jeunes filles se retrouvent dans une situation de vulnérabilité extrême. Pour beaucoup, l’accès à l’aide humanitaire, censée soulager leur détresse, se négocie par des échanges sexuels. Face à cette exploitation insupportable, elles appellent les autorités à mieux organiser les distributions pour éviter ces dérives.
Les conditions de vie dans ce camp de déplacés sont déjà éprouvantes : manque d’eau potable, absence d’infrastructures sanitaires, et un environnement insalubre propice à la propagation des maladies. Mais pour certaines jeunes filles, l’humiliation va encore plus loin. « Une amie a dû céder à deux reprises pour que son nom figure sur la liste des bénéficiaires des kits. Cela existe vraiment », confie une résidente, choquée par la banalisation de ces pratiques.
Certaines filles expliquent que sans céder aux avances, elles ne sont tout simplement pas sélectionnées pour recevoir de l’aide. « Mon nom n’est pas sur la liste parce que je refuse de donner mon corps en échange. Si vous ne cédez pas, vous risquez de ne jamais recevoir de soutien », témoigne une autre victime de cette exploitation sexuelle, soulignant que, parfois, les filles elles-mêmes se sentent contraintes de s’engager dans ces échanges pour survivre.
La distribution de l’aide humanitaire dans ces camps est souvent insuffisante, et les jeunes filles, incapables de rivaliser avec les garçons lors des luttes pour obtenir de la nourriture ou des kits de survie, se résignent à céder aux avances des responsables ou intermédiaires. « Ce problème découle du manque d’aide et de la faim qui ravage le camp », analyse Mario, un jeune homme qui a récemment terminé ses études secondaires.
Ce phénomène, bien qu’il s’aggrave dans le camp du lycée Marie-Jeanne, est aussi rapporté dans d’autres camps de déplacés de la région métropolitaine. « C’est une opportunité pour les prédateurs sexuels, qui profitent de la vulnérabilité des jeunes filles », dénonce un résident, qui préfère garder l’anonymat par crainte de représailles.
En plus de l’exploitation sexuelle, les déplacés, notamment les enfants, sont confrontés quotidiennement à des risques accrus de violences, d’agressions et de viols. Ces dangers viennent alourdir le fardeau déjà énorme des milliers de personnes forcées de vivre dans ces camps, privés de la protection élémentaire.
Rappelons que plus de 500 000 personnes ont fui leurs quartiers depuis plus d’un an pour échapper à la terreur des gangs et se sont installées dans des espaces publics, y compris des écoles et lycées. Deux semaines après la rentrée scolaire, ces établissements sont toujours occupés par des familles entières, tandis que des centaines d’enfants, censés reprendre les cours, cherchent simplement un abri sûr.