Le MARNDR et le PAM font front commun contre l’insécurité alimentaire dans les écoles
En Haïti, la justice est loin d’être ce pilier qui élève la nation. Au contraire, elle est trop souvent instrumentalisée à des fins politiques, servant à persécuter, à commettre des injustices, et à perpétrer des abus. La récente libération pour des raisons humanitaires de deux figures publiques, Edwine Tonton et Robinson Pierre Louis, tous deux anciens clients de l’actuel ministre de la Justice Carlos Hercule, alimente les soupçons d’une justice corrompue et manipulée.
Le mélange de la politique et de la justice est particulièrement toxique en Haïti, où les institutions républicaines sont défaillantes, voire inexistantes. Montesquieu a justement affirmé : « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Dans De l’esprit des Lois, il prône la séparation des pouvoirs pour garantir un équilibre et prévenir les abus.
Si la justice est manipulée par le pouvoir politique, la société est exposée à des dangers bien plus graves que l’insécurité. Comme l’a dit Lord Acton : « Le pouvoir tend à corrompre et le pouvoir absolu corrompt absolument. » En Haïti, depuis près de cinq ans, le pouvoir législatif est inexistant, laissant l’équilibre social entre les mains des pouvoirs exécutif et judiciaire. Si ces deux se liguent contre la société, cela équivaudrait à un régime d’absolutisme. Si l’un des pouvoirs ne peut freiner l’autre, qui le pourra ?
La justice est l’institution régalienne chargée de faire respecter les droits de chacun en punissant ceux qui enfreignent la loi. Si elle devient un outil de manipulation, tout espoir est perdu.
*Retour sur les faits*
Robinson Pierre Louis, ancien secrétaire général du barreau de Port-au-Prince et conseiller du l’ancien ministre de la Justice, Me Bertho Dorcé, a été arrêté pour son implication présumée dans un trafic illicite d’armes et de munitions. Il était l’un des clients de Me Carlos Hercule, désormais ministre de la Justice, et ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince.
Le présumé trafiquant d’armes a été libéré quelques semaines après la nomination de Me Hercule, alors que les charges contre lui n’ont pas été abandonnées et qu’il n’a pas été disculpé. Le juge de la cour d’appel, justifiant la levée du mandat d’écrou, a mis en avant le fait que Pierre Louis n’avait pas tenté de fuir lors de l’évasion spectaculaire au Pénitencier national.
Edwine Tonton, ancienne directrice générale de la Caisse d’assistance sociale, a été arrêtée pour des soupçons de corruption liés à sa fonction, suite à un rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Représentée par Me Carlos Hercule avant sa nomination comme ministre, elle a été libérée pour raisons humanitaires, bien que les soupçons de corruption persistent. Cette libération laisse penser qu’elle serait la seule à subir des conditions carcérales inhumaines, ce qui n’est pas le cas.
En Haïti, la détention préventive prolongée est monnaie courante. De nombreux détenus croupissent en prison pendant des années sans jamais comparaître devant un juge, vivant dans des conditions alarmantes ; certains meurent de sous-alimentation ou de dégradation de leur état de santé. Malheureusement, les libérations pour raisons humanitaires sont sélectives et ne concernent pas tous les détenus.
Des observateurs pointent du doigt la corruption et l’influence politique dans ces libérations sélectives et partisanes. Ce climat de partialité et de favoritisme détruit non seulement la confiance dans le système judiciaire, mais favorise aussi un environnement où la loi est appliquée de manière discriminatoire et injuste.
Les décisions judiciaires influencées par la politique mettent à nu et fragilisent davantage une société haïtienne déjà rongée par l’injustice, l’impunité et la corruption. À quand l’instauration de l’État de droit en Haïti ?
BJ