La visite du président kényan aux États-Unis le mercredi 22 mai 2024 est perçue par de nombreux Haïtiens comme faisant partie de la planification du déploiement de la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti. Il est donc nécessaire de mettre en lumière les aspects géopolitiques de cette question.
L’État russe cherche à affaiblir l’influence occidentale sur le continent africain en établissant une présence militaire durable en Afrique du Nord, notamment en Libye, où elle a déployé des mercenaires du Groupe Wagner pour soutenir Haftar. Avec des engagements en Algérie et en Égypte, la Russie se positionne comme un acteur majeur dans le sud de la Méditerranée. En République centrafricaine (RCA) et au Mali, la Russie est devenue le principal partenaire de sécurité des gouvernements militaires.
En renforçant leurs relations avec l’Afrique, les Russes tentent de gagner le soutien de leurs nouveaux alliés suite à l’invasion de l’Ukraine. Pour les dirigeants africains, afficher leur rapprochement avec la Russie peut être une stratégie visant à exercer une pression sur les nations occidentales et à diversifier leur politique étrangère.
La visite du Président du Kenya, William Ruto, aux États-Unis le mercredi 22 mai 2024 pourrait être interprétée comme un élément visant à contrer l’influence russe. Les États-Unis pourraient considérer le Kenya comme un allié stratégique pour contrer les ambitions de la Russie dans la région.
Le président des États-Unis, Joe Biden, a officiellement désigné le Kenya comme un allié majeur non-OTAN, ce qui en fait le premier pays d’Afrique subsaharienne à bénéficier de cette reconnaissance. Cette annonce a été faite lors de la visite d’État de trois jours du président kényan William Ruto aux États-Unis, marquant ainsi la première visite d’un dirigeant africain à Washington depuis plus de 15 ans.
Le Kenya est reconnu comme un partenaire de sécurité stratégique pour les États-Unis en Afrique de l’Est et est également membre du groupe de contact pour la défense de l’Ukraine, qui se réunit afin de coordonner le soutien militaire à Kiev contre Moscou. L’extension du statut d’allié majeur hors-OTAN offrira à Nairobi l’opportunité de renforcer sa coopération en matière de sécurité avec Washington et d’accéder à des armes américaines de pointe.
Il est à noter que cette alliance renforcée avec les États-Unis survient dans un contexte où Washington connaît des revers dans d’autres régions d’Afrique. En effet, environ 1 000 troupes américaines ont été retirées du Niger suite à l’échec de la coopération sécuritaire, ce qui a conduit le Niger à se rapprocher davantage de la Russie et de l’Iran après le renversement de son président démocratiquement élu l’année dernière.