Les anciens parlementaires Gracia Delva et Victor Profane sanctionnés par le Canada
Le lundi 29 avril 2024, une matinée sous haute tension débute à 7 heures du matin alors que nous nous rendons à Rotation Tour à Delmas 31 pour prendre un bus en direction du Cap-Haïtien. Malgré l’urgence médicale, le recours à un hélicoptère était exclu en raison de son coût exorbitant de 3500 $ US pour un aller simple. Nous avons donc choisi le transport terrestre, malgré les risques liés aux gangs armés qui sévissent sur les routes.
Après un embarquement rapide à 9h15, le bus démarre sa course vers le nord. Cependant, dès les premiers kilomètres, une tension se fait sentir alors que nous rencontrons une succession de points de contrôle et de péages tenus par des groupes armés. L’absence de présence policière laisse les voyageurs vulnérables aux criminels qui dominent en maîtres ces zones isolées.
À Carrefour Douillard, la tension monte alors que des civils armés se déplacent près de la route. Il est évident que nous sommes dans une zone hostile où la vie quotidienne est influencée par la présence menaçante des gangs. Ne les regardez pas, a averti une passagère d’une voix tremblante. Malgré cela, certains résidents continuent leurs activités comme si de rien n’était, habitués à coexister avec cette réalité troublante.
Pendant le trajet, des tirs sporadiques se font entendre, ce qui accentue notre anxiété déjà palpable. À un moment donné, le chauffeur reçoit un appel mystérieux l’avertissant de ne pas emprunter la route menant à Croix-des-Bouquets. Par prudence, il décide de changer de direction et nous conduit vers la route 9 menant à Canaran, une autre zone contrôlée par les gangs.
L’absence complète des autorités étatiques se fait sentir, laissant les gangs exercer leur pouvoir en toute impunité. Un passager habitué de la route, visiblement âgé d’une soixantaine d’années, a souligné que certains propriétaires ont dû verser des sommes considérables aux gangs pour assurer leur fonctionnement. Malgré ces obstacles, la vie continue sur la route, où le danger est omniprésent.
Le sexagénaire nous informe que dans certains cas, les gangs armés effectuent des fouilles dans les bus et décident de retenir un ou plusieurs passagers. Il souligne que certaines compagnies de transport bénéficient de la protection des criminels et ne courent presque aucun risque, même en cas de confrontation. Cependant, il met en garde contre le danger réel d’être touché par des balles perdues.
Il était quasiment onze heures lorsque nous approchions de Morne à Cabrit. Cette portion finale de la route avant d’atteindre Croix-des-Bouquets est communément appelée la vallée de l’ombre et de la mort, en raison des affrontements incessants entre gangs rivaux. Ce jour-là, nous avons eu de la chance.
Une fois arrivés à Mirebalais, un soulagement général s’est fait ressentir, symbolisé par les signes de croix murmurés par les passagers reconnaissants d’avoir survécu à ce dangereux trajet.
Le voyage jusqu’à Cap-Haïtien s’est déroulé sans incident, caractérisé par un sentiment de soulagement à mesure que nous nous éloignions des zones les plus dangereuses.
Ce trajet de Port-au-Prince à Cap-Haïtien est devenu de plus en plus fréquent ces dernières semaines en raison de la suspension des vols. Les bénéficiaires du programme humanitaire Parole se voient contraints de prendre ce périple stressant une dernière fois pour espérer une amélioration de leur situation dans l’El Dorado des États-Unis.
D’autre part, certains citoyens choisissent de quitter la capitale pour échapper à la violence des gangs et trouvent refuge dans la relative sécurité du nord du pays.