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La situation des Haïtiens en République dominicaine s’est relativement aggravée en raison de la tension diplomatique née de l’exploitation de la rivière Massacre. Déjà en proie à des traitements inhumains et illégaux, les Haïtiens vivent avec une peur bleue en territoire voisin. Qui pis est, selon le professeur à l’université Aland Cadet, certains compatriotes n’ont toujours pas accès à leur passeport après avoir effectué la demande de document auprès de l’ambassade et consulats haïtiens en République Dominicaine depuis plus de deux ans.
Les Haïtiens sont décidément livrés à eux-mêmes en République dominicaine. Certains sont obligés de réduire considérablement leur déplacement en raison de l’expiration de leur passeport. Malgré les démarches devant leur permettre de renouveler leur document de voyage, absolument rien n’est fait pour faciliter la livraison des passeports alors que les relations ne font que se détériorer entre les deux pays.
Aland Cadet est professeur à l’université en République dominicaine. Il est également un membre actif de la communauté et de plusieurs associations. Il a aussi le chapeau de Coordinateur de l’Association de Jeunes Conscients et de membre permanent du comité de la semaine de la diaspora en RD organisé chaque année.
Aland Cadet se veut le porte-parole de ces Haïtiens sans voix dont les doléances n’arrivent pas aux oreilles des autorités. Vivant en République dominicaine depuis 2008, il vit chaque douleur, chaque difficulté, chaque injustice que vivent les migrants haïtiens dont le même sort est réservé fort souvent qu’ils soient en situation légale ou illégale.
Face au retard systématique constaté dans la livraison des passeports, le professeur de plus en plus préoccupé par la situation, avait lancé une campagne de sensibilisation en vue d’interpeller les autorités compétentes pour résoudre ce problème récurrent.
Mais hélas, la situation ne fait qu’aller de mal en pis. Les délais de livraison de passeport vont jusqu’à plus de 24 mois. Certains migrants haïtiens ne peuvent plus circuler librement ni avoir accès à aucun service de base.
« Il y a un problème gravissime dans la livraison des passeports en RD, beaucoup de demandes de ce document depuis plus de deux ans sont sans réponse, beaucoup de passeports sont bloqués. C’est une triste situation, les migrants haïtiens ont sollicité des passeports qu’ils n’ont jamais reçu », a dénoncé Aland Cadet.
Il évoque le manque de volonté des autorités à améliorer la situation qui met encore plus en péril la vie et le bien-être des migrants haïtiens en territoire voisin.
L’ambassade, les consulats ne donnent aucune réponse à cette communauté si fragile. Le professeur appelle toute la communauté haïtienne à renforcer cette campagne afin d’aboutir à des résultats concrets.
« Le 1er document qu’on demande à un ressortissant partout où il va dans une terre étrangère c’est son passeport. Sans ce document, il ne peut pas renouveler sa résidence, permis de travail, recevoir ou envoyer des transferts et autres », a indiqué M. Cadet.
Il invite les instances concernées à mettre les bouchées doubles afin de parvenir à une solution rapide et durable à cette situation.
« Les mesures prises pour stopper la construction du canal ont produit une grande pression psychologique sur les Haïtiens en territoire voisin », a souligné Cadet qui dénonce également les messages violents véhiculés sur les réseaux sociaux ainsi que la propagation spontanée et vertigineuse du discours de haine à l’endroit des migrants haïtiens.
Selon le professeur Aland Cadet, la suspension des services d’identification pour les haïtiens, la fermeture des frontières rendent impossible la circulation entre les deux nations mêmes dans des cas d’urgences. « Pour les festivités de fin d’année, les Haïtiens n’iront pas en Haïti, pas seulement à cause de l’insécurité mais surtout en raison de la non-obtention de leur document de voyage », a-t-il fait remarquer.