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L’ancien président de la chambre des députés de la 50ème législature, Gary Bodeau, fait partie d’une longue liste de personnalités de la classe politique et du secteur privé des affaires frappées par des sanctions du gouvernement canadien pour leurs supports aux activités des gangs armés en Haïti.
En effet, le 19 novembre 2022, les autorités canadiennes ont adopté des sanctions contre l’ancien député de Delmas, le sénateur Rony Célestin et l’ex-sénateur Hervé Fourcand pour leur “soutien financier et opérationnel illicite à des gangs armés”.
“Ces dernières sanctions leur imposent une interdiction de transactions, ce qui aura pour effet de geler tout avoir qu’elles peuvent détenir au Canada”, pouvait – on lire dans le communiqué de la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly.
Pour justifier cette mesure, Ottawa a indiqué avoir “des raisons de croire que ces personnalités utilisent leur statut d’ancien ou l’actuel titulaire d’une charge publique pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés, notamment par le blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption.”
Après plusieurs notes de protestation pour rejeter ces allégations, Gary Bodeau a adressé une correspondance au secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, pour dénoncer les sanctions canadiennes qui, écrit -il, ne tiennent pas compte de la résolution 2653 du Conseil de Sécurité qui prévoit un comité de sanctions et des mécanismes clairement définis.
Dans cette lettre datée du 22 février dernier, l’ex parlementaire a dénoncé des visés autoritaires et des violations graves des droits humains orchestrés par le Gouvernement Canadien en Haïti en impliquant des coûts sociopolitiques exorbitants à des individus sans aucune preuve ni investigations transparentes. Il a tout aussi dénoncé des violations de ses droits par le Canada qui, précise – il, veut l’éliminer politiquement et socialement au profit d’autres acteurs plus favorables à ses intérêts en Haïti.
“L’agression du gouvernement du Canada contre moi est entachée d’un nombre d’irrégularités. Elle ne respecte pas les principes fondamentaux du droit. Nous savons tous à quel point le respect de la présomption d’innocence est fondamental. Or, la manière de procéder du Canada m’a transformé en présumé coupable par l’opinion publique avant d’avoir été entendu et jugé. Je me considère victime et le Gouvernement canadien ne respecte pas la Charte canadienne des droits des victimes du 23 juillet 2015.
Celle-ci prévoit une interdiction de publication qui empêche toute personne de publier, de diffuser ou d’envoyer tout renseignement qui pourrait révéler l’identité d’une victime”, peut-on lire dans cette correspondance adressée au dirigeant de l’ONU, avant de poursuivre “le gouvernement canadien me condamne sans appel. Sans contradictoire. Sans que je puisse avoir connaissance des chefs d’accusation. Sans me donner l’occasion de me défendre. Sans un procès en bonne et due forme. Sans aucune procédure judiciaire. Sans jugement”.
Il a rappelé qu’à aucun moment de la durée, les autorités haïtiennes n’ont été touchées par les dossiers des différentes personnalités sanctionnées.
Gary Bodeau qui dit craindre pour sa vie, explique que les sanctions canadiennes ont des conséquences directes sur sa famille.
“A cause des sanctions injustes et cavalières du Canada, je suis obligé d’éparpiller ma famille, dont mon fils de dix (10 ) ans, dans plusieurs pays et dans différentes régions d’Haïti pour des raisons de sécurité et de persécution avérée. Sans aucune investigation ni évidence, je suis étiqueté soudainement de menacer la paix et la sécurité internationales en Haïti par le Gouvernement Canadien. Je suis devenu un pion au milieu de la politique étrangère du Canada”, a -t- il poursuivi.
Estimant que ces sanctions “non-justifiées ” du Gouvernement Canadien constituent une violation flagrante de ses droits, l’ancien vice – président de l’assemblée nationale a invité la communauté internationale, le Haut Commissariat des Droits Humains et, en particulier, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies à soutenir ses démarches qui, dit – il, vise à laver mon nom et d’obtenir réparations.
Tout en réitérant son engagement à poursuivre sa quête de vérité et de justice, Gary Bodeau lance un appel à la communauté internationale, notamment les Nations Unies via son Conseil de Sécurité, et en général aux ONGs travaillant dans le champ des droits humains et à toutes les démocraties du monde pour soutenir ses efforts de justice.
D’autres voix se sont aussi élevées pour dénoncer ces sanctions et une ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. C’est le cas de la Fondation Droits Humains Sans Frontières qui a remis au bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies à Genève, le 20 février dernier, un rapport d’analyse sur la situation des droits de l’homme en Haïti en général, et en particulier la violation de ces droits, chez des individus comme les anciens Premiers Ministres Laurent Salvador Lamothe et Jean Henry Ceant, eux aussi sanctionnés par le Canada.
« Des accusations ont été portées contre eux sans aucune base légale et sans accusations formelles d’aucune autorité haïtienne ou canadienne, pays qui participe à une campagne diffamatoire dont l’objectif est clairement politique pour éliminer ceux qui peuvent être « dangereux et une contribution sérieuse à la solution du problème », peut-on lire dans ce rapport.
“Les attaques personnelles visent clairement à discréditer ceux qui cherchent à résoudre démocratiquement ce qui se passe là-bas. Sans aucun doute, ceux qui ont des intérêts majeurs dans ce pays se trouvent derrière les accusations, et ils cherchent à annuler toute forme d’opposition et de principe d’autorité pour maintenir ce climat d’anarchie et de violence, où l’insécurité et le pouvoir des bandes ouvrent la voie à des violations plus graves des droits de l’homme”, toujours selon ce rapport rédigé par l’avocat Cristian Guzmán, de Droits Humains Sans Frontières, et examiné par cinq experts qui collaborent avec cette fondation.
Il importe de souligner que par ces sanctions, le Canada dit vouloir apporter sa contribution dans la recherche d’un dénouement heureux à la crise multidimensionnelle qui sévit dans le pays depuis un certain temps.