
Le professeur Eslhomme Raymond tire la sonnette d’alarme sur le sort des coopératives en Haïti, particulièrement affectées par la dégradation du climat sécuritaire. Rien que dans le département de l’Artibonite, plus de 40 coopératives ont été contraintes de fermer leurs portes. Certaines ont été vandalisées, paralysant une partie du secteur agricole, largement tributaire du financement fourni par ces institutions locales.
Ancien directeur général du Conseil national des coopératives (CNC), Eslhomme Raymond souligne que ces fermetures entraînent la perte de nombreux emplois et fragilisent l’économie régionale. « Le dysfonctionnement des coopératives aggrave le chômage et affaiblit une agriculture déjà vulnérable », alerte-t-il.
Dans le département de l’Ouest, plusieurs institutions sont également touchées. Parmi elles : la Caisse populaire Sainte-Anne (Port-au-Prince), KOTELAM (Magloire Ambroise), C Cash (Ruelle Vaillant) et KPK (Cabaret), sont aujourd’hui presque à l’arrêt.
Face à cette situation critique, plusieurs structures dont l’Alliance des Coopératives d’Haïti (ACH), le Forum économique des Coopératives et des Mutuelles d’Haïti (FECOMH) et la Chambre de commerce et des coopératives d’Haïti (CCCH) tirent la sonnette d’alarme. Ensemble, elles représentent près de 3,5 millions de sociétaires, coopérateurs et propriétaires.
Ces entités appellent les autorités à la création d’un Fonds national de développement du mouvement coopératif, tel que prévu par la loi de 1981, afin d’assurer la survie de ce secteur essentiel.
Le CNC recense actuellement environ 500 coopératives à travers le pays, œuvrant notamment dans l’épargne et la production agricole.
L’ancien sénateur Francenet Denius, responsable d’une caisse populaire dans la commune de L’Asile (Nippes), dont le capital s’élève à 120 millions de gourdes, défend également ce modèle économique.
« Les coopératives et les caisses populaires, fondées sur la solidarité, sont bénéfiques non seulement pour l’économie rurale, mais aussi pour l’ensemble de l’économie nationale. Leurs membres ne doivent pas être traités comme des citoyens de seconde zone », plaide-t-il, exhortant les pouvoirs publics à agir rapidement pour éviter l’effondrement du secteur.