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Le nombre de déplacés internes en Haïti a atteint un niveau sans précédent. Selon un rapport publié ce mercredi par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 1,3 million de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile, soit une hausse de 24 % par rapport à la précédente estimation. Il s’agit du chiffre le plus élevé jamais enregistré dans l’histoire du pays.
Cette vague de déplacements est principalement causée par la violence des gangs armés, qui contrôlent de vastes portions du territoire, notamment dans l’Artibonite et dans le Centre. Les populations fuient les exactions, les assassinats, les viols collectifs et les incendies criminels perpétrés dans leur quartier.
Une multiplication des camps de fortune
Le rapport fait état d’une explosion du nombre de sites informels, passés de 142 à 246 en seulement quelques mois. Rien qu’à Petite-Rivière de l’Artibonite, l’OIM recense 92 000 déplacés, tandis que plus de 147 000 personnes ont fui les communes de Saut-d’Eau et de Mirebalais, en raison de la montée en puissance des groupes armés.
« Derrière ces chiffres se cachent des personnes dont la souffrance est incommensurable : des enfants, des mères, des personnes âgées, dont beaucoup ont été contraintes de fuir à plusieurs reprises, souvent sans rien emporter. Aujourd’hui, elles vivent dans des conditions ni sûres ni durables », a déclaré Amy Pope, directrice générale de l’OIM.
Une crise humanitaire qui s’aggrave
Les conditions de vie dans ces camps sont extrêmement précaires. Sans accès suffisant à l’eau potable, aux soins de santé ou à l’éducation, ces sites deviennent des foyers potentiels de propagation de maladies, telles que le choléra ou la tuberculose. L’aide humanitaire, bien que cruciale, ne parvient pas à couvrir l’ensemble des besoins.
« La force du peuple haïtien est impressionnante, mais la résilience ne peut pas être son seul refuge. Cette crise ne peut pas devenir la nouvelle normalité », a insisté Amy Pope, appelant à une réponse urgente et coordonnée de la communauté internationale.
Appel à des solutions durables
L’OIM souligne que les réponses d’urgence ne suffisent plus. Elle appelle à des solutions structurelles, visant à traiter les causes profondes des déplacements forcés. Cela inclut la lutte contre l’insécurité, le renforcement des institutions, l’amélioration de l’accès aux services de base et la création d’opportunités pour les jeunes, souvent laissés sans perspectives face aux groupes criminels.
Dans les camps, l’exaspération grandit. Les déplacés dénoncent l’inaction et l’indifférence des autorités, tandis que les rares programmes de subvention peinent à répondre aux urgences. Face à cette crise d’une ampleur inédite, le silence ne peut plus être une option.