La République Dominicaine a décidé de fermer définitivement ses frontières avec la République d’Haïti suite à un conflit engendré par la construction d’un canal sur la rivière Massacre côté haïtien. Cette rupture risque d’impacter grandement les échanges commerciaux des deux pays et alimenter la tension existant entre les deux nations partageant l’île d’Hispaniola, selon Yves Marie Chanel, journaliste spécialisé dans les relations haïtiano-dominicaines, dans une entrevue accordée mercredi à la Radio Nationale d’Haïti.
La fermeture de la frontière haïtiano-dominicaine ne va profiter à aucun pays partageant l’île, selon le journaliste Yves Marie Chanel. Intervenant le mercredi 13 septembre 2023, sur les ondes de la Radio nationale d’Haïti, l’homme d’affaires haïtien a critiqué la décision des autorités dominicaines décidant hâtivement de fermer la frontière sans aucune autre forme de procès.
Pour lui, le président dominicain Luis Abinader est allé trop vite sans penser aux conséquences qu’un tel choix peut avoir sur les relations bilatérales et commerciales entre les deux pays.
Le commerce bilatéral a une importance capitale pour les deux pays. Haïti est l’un des plus grands consommateurs de produits de la République Dominicaine, a-t-il rappelé soulignant que les produits vendus régulièrement sur la frontière seront rares en Haïti et l’économie dominicaine aura des manques à gagner.
Hier mercredi les journaux dominicains ont informé que le prix des produits en provenance de la République Dominicaine est en chute libre et que certaines denrées sont restées dans les dépôts côté dominicain. Les commerçants dominicains peinent à écouler leurs produits et le prix des œufs a complètement chuté en raison de la faible demande.
Par ailleurs, le journaliste Yves Marie Chanel, croit que cette tension diplomatique doit forcer Haïti à prendre une décision visant à sortir de la dépendance de la République Dominicaine.
L’action des paysans est légale
Malgré toutes les tractations de la République Dominicaine, les paysans du Nord’Est poursuivent la construction du canal. Yves Marie Chanel estime que les actions des paysans du Nord’Est ne sont pas illégales lorsqu’ils décident de créer leur propre système d’irrigation pour alimenter leurs champs à partir de la rivière Massacre considérée comme une ressource naturelle appartenant aux 2 pays. « Ils sont dans leurs droits », clame-t-il.
Le spécialiste invite les autorités haïtiennes à accompagner les agriculteurs, dans la région du Nord’Est, afin de les « aider à atteindre leurs objectifs selon les normes et standards techniques, et sans négliger les intérêts dominicains».
Des expériences passées montrent que la République Dominicaine sera grande perdante d’une fermeture totale de la frontière. Durant la crise du coronavirus, la frontière n’était jamais fermée pour les transactions commerciales.
Fermer définitivement la frontière, c’est au risque et péril des entrepreneurs dominicains qui risquent de voir leurs produits restés cloîtrés dans les dépôts.
Au terme d’une réunion du conseil national de sécurité dominicain, les autorités ont lancé un ultimatum de 4 jours aux paysans haïtiens pour abandonner le projet de la construction du canal sur la rivière Massacre.
À l’expiration du délai, hier jeudi, le Président Luis Abinader a ordonné la fermeture totale des frontières a partir de ce vendredi 15 septembre, 6h AM, sans tenir compte des pourparlers en cours entre les deux pays.
Entre-temps, le gouvernement de la République d’Haïti à travers un communiqué de presse publié sur la page du Ministère de la Culture et de la Communication, se positionne en faveur de l’achèvement des travaux du canal sur la rivière Massacre par les habitants de Ouanaminthe. Il promet de prendre toutes les dispositions afin que l’irrigation de la plaine de Maribaroux se fasse dans les normes, sous la supervision des ministères concernés.