De 2019 à 2023, l’institution policière a connu pas moins de quatre directeurs généraux , avec toujours pour mission de pacifier le pays en mettant les bandits hors d’état de nuire. Michel-Ange GEDEON, Rameau NORMIL, Léon CHARLES et le dernier en date, Frantz ELBE, sont autant de capitaines qui n’ont pas pu empêcher le naufrage du bateau qu’ils dirigeaient.
Sous les commandements de ces quatre directeurs généraux, plusieurs policiers ont perdu la vie de manière atroce et révoltante sous les balles assassines de bandits armés. Des chiffres, bien que non exhaustifs, donnent une idée du travail que ces quatre directeurs ont pu accomplir a la tête de cette institution habilitée à protéger les vies et les biens de toute une population.
Nommé directeur général ad intérim de l’institution policière en avril 2016 par le président provisoire Jocelerme Privert puis ratifié par le Sénat de la République le 23 août de la même année en remplacement de Godson ORELUS, Michel-Ange Gédéon a été à la tête de l’institution policière durant 3 ans.
C’est sous son commandement qu’ont eu lieu les scènes d’émeute du 6,7 et 8 juillet où la population avait manifesté brutalement sa colère contre une mesure prise par le gouvernement d’alors d’augmenter les prix de l’essence à la pompe. On estime par ailleurs que c’est sous son administration que les gangs armés ont pris une proportion alarmante dans le pays.
S’agissant des “gros poissons” qui avaient été mis hors d’état de nuire durant son commandement, citons le cas du chef de gang nommé Ti je, de son vrai nom Sony Jean, qui avait été abattu dans la soirée du lundi 29 avril 2019, à Delmas 83.
Août 2019 a marqué la fin du mandat constitutionnel de Michel-Ange Gédéon qui durant son commandement triennal, a enregistré environ 70 policiers tués ou assassinés.
27 août 2019 : Normil Rameau est officiellement nommé nouveau directeur général de la police nationale d’Haïti.
Une nomination qui avait suscité beaucoup d’espoir au sein de la population et dans les rangs de la police, car au vu de la carrière de M. Normil à la Direction Centrale de la Police Judiciaire, on croyait fermement qu’il était l’homme de la situation.
Rameau a eu pour mission d’ancrer des changements nécessaires au sein de la Police Nationale tout en rendant l’institution plus professionnelle et dynamique. Mais comme son prédécesseur, Rameau Normil n’a pas su adresser correctement les problèmes du pays, la hausse de l’insécurité et la répétition des assassinats ont entaché son commandement.
16 novembre 2020 : Après 15 mois à la tête de la Police Nationale d’Haïti, Rameau Normil est remplacé par Léon Charles.
Un changement survenu au moment où l’augmentation des actes de banditisme, plus précisément les assassinats crapuleux, les kidnappings les vols ont pris le dessus dans la société.
Pour les 15 mois de Rameau Normil à la tête de la PNH, environ une trentaine de policiers ont été tués.
Léon Charles, dans son discours lors de son installation, a assuré d’entrée de jeu que l’insécurité que vivait le pays allait prendre fin.
Grand paradoxe, du 16 novembre 2020, date de la prise des commandes de Léon Charles, au 13 mars 2021, ce sont au total 18 policiers qui ont été assassinés par balles, a révélé le réseau national de défense des droits humains (RNDDH).
Le commandement du DG Léon Charles a été des plus banales, rares ont été les opérations qui ont donné des résultats satisfaisants : on s’en souvient, il était aux commandes quand a eu lieu le massacre de 6 policiers à village de Dieu au cours d’une opération désastreuse.
C’est également pendant son mandat que le bâtonnier du barreau de Port-au-Prince a été tué à son domicile le 28 aout 2020, sans compter l’assassinat de l’ex-président haïtien Jovenel Moïse dans sa résidence privée à Pèlerin 5, dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. Une grande première depuis la création de l’institution en 1995.
On reconnait toutefois que c’est durant son mandat que le puissant caïd Arnel Joseph, après s’être évadé de prison dans des circonstances toujours obscures, a été refroidi le 26 février 2021à l’Estère (Artibonite) par la Police nationale d’Haïti (PNH)
De janvier à octobre 2021, au moins 31 policiers ont été assassinés, selon un rapport du centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme. Sous les commandes de l’actuel ambassadeur d’Haïti à l’OEA, pas moins d’une quarantaine d’agents de la PNH ont été assassinés.
Fort de ce constat, le 21 octobre 2021, Léon Charles démissionne : il est remplacé le jour même par l’ancien directeur départemental du Sud-Est puis des Nippes de la Police nationale d’Haïti, le commissaire divisionnaire Frantz Elbé.
Ce dernier, toujours en place, n’a jusqu’ici pas pu faire grand-chose pour stopper ce bain de sang dans les rangs de ceux qui sont censés assurer la protection des membres de la population
Du 1er janvier au 2 décembre 2022, 51 policiers ont perdu la vie sous les balles assassines de bandits selon le syndicat national des policiers haïtiens. L’année 2022 a d’ailleurs été des plus meurtrières pour le pays, au moins 3598 personnes ont été tuées, blessées, ou kidnappées en Haïti.
2023 est partie pour battre le record de 2022 et en établir un nouveau, car les bandits prennent de plus en plus de plaisir à semer le deuil, non seulement au sein de la population, mais aussi dans les rangs de la police nationale pour après, exposer leur « trophée » à travers des vidéos.
Du 1er janvier 2023 à date, pas moins de 14 policiers ont été tués par des bandits armés.
La récente effusion de sang de 6 policiers, suivie d’une vidéo humiliante et déchirante qui montrait les gangs de Liancourt, dans le Bas Artibonite, profané leurs cadavres, a soulevé la colère de beaucoup d’autres agents qui ont à leur manière, exprimé leur ras-le-bol le jeudi 26 janvier dans la zone métropolitaine et dans d’autres villes de Province du pays, invectivant le premier ministre Ariel Henry et l’international.
A plus d’une soixantaine de policiers assassinés durant son mandat, Frantz Elbé, espère sauver la face en décrétant un état d’alerte maximale à tous les policiers et en lançant officiellement en conférence de presse le vendredi 27 janvier 2023 l’opération “Tornade 1”.
De plus en plus critiqué pour sa gestion de l’institution, Frantz Elbé veut rassurer les policiers qui pour la plupart sont pour l’instant, démotivés et démobilisés alors que d’autres espèrent obtenir justice pour leurs frères d’armes .