
Derrière la circulation des armes qui ravage Haïti, l’ONU pointe la responsabilité directe de diplomates, de cadres de l’administration et d’agents de sécurité haïtiens. Un système de corruption bien rodé facilite le transit d’armes depuis la Floride jusqu’aux gangs.
Un réseau bien organisé, avec des complicités au cœur même de l’État haïtien, permet à des cargaisons d’armes d’entrer massivement sur le territoire. C’est ce que révèle le dernier rapport du Groupe d’experts des Nations Unies sur Haïti, publié en juin 2025.
Le document met en cause des employés de consulats haïtiens, notamment en Floride et en République dominicaine, qui utilisent leur statut diplomatique pour faciliter le passage d’armes sous couvert d’envois officiels. Il pointe également la responsabilité de hauts cadres des services informatiques portuaires et douaniers, chargés de falsifier ou d’effacer les données des systèmes afin de faire disparaître toute trace des cargaisons suspectes.
Les ports de Port-au-Prince, Saint-Marc et Cap-Haïtien sont identifiés comme les principales portes d’entrée. Les armes sont dissimulées dans des conteneurs de marchandises banales : friperie, matériaux de construction, pièces électroniques ou produits alimentaires.
Le rapport confirme l’existence d’un axe bien établi entre la Floride et Haïti. Des armes, souvent achetées légalement aux États-Unis par des prête-noms, transitent par des compagnies de fret, dont certaines entretiennent des liens étroits avec des agents consulaires ou des familles influentes en Haïti.
Ce trafic repose sur la corruption à plusieurs niveaux : des membres de la police, des douaniers, des cadres portuaires et des diplomates assurent la fluidité des opérations. Le rapport public ne dévoile pas de noms, mais une liste confidentielle a été transmise au Conseil de sécurité de l’ONU et à certaines autorités américaines.
Face à ces révélations, l’ONU recommande des audits immédiats des systèmes douaniers, un contrôle renforcé des opérations consulaires et une coopération étroite avec les États-Unis pour démanteler ce réseau.
Pour les experts, tant que ces complicités institutionnelles perdureront, la crise sécuritaire en Haïti restera hors de contrôle.