Corruption : Haïti, pays le plus corrompu de la Caraïbe, selon Transparency International

L’Assemblée nationale française a adopté ce mercredi 4 juin, une résolution visant à « étudier le processus de restitution de la double dette imposée à Haïti », dette contractée il y a deux siècles à la suite de la reconnaissance de l’indépendance de l’île par le roi Charles X. Cette motion, portée par le groupe GDR (Gauche démocrate et républicaine), principalement composé de députés communistes et ultramarins, a été approuvée par 53 voix contre 9.
La résolution invite expressément l’exécutif français à reconnaître l’injustice historique subie par Haïti et à réfléchir à ses répercussions actuelles. Elle encourage notamment le gouvernement à considérer les demandes de remboursement et à entamer une réflexion concrète sur le processus de restitution. Le texte réclame également la création d’une commission indépendante et suggère de « soutenir les initiatives s’inscrivant dans une démarche de justice réparatrice et particulièrement les initiatives franco-haïtiennes à portée mémorielle ».
L’histoire de cette « double dette » remonte au 17 avril 1825, lorsque, sous la menace de la flotte française, Haïti fut contrainte de verser une indemnité colossale de 150 millions de francs-or aux anciens colons pour obtenir la reconnaissance de son indépendance. Ce montant fut réduit à 90 millions en 1838, mais pour s’en acquitter, Haïti dut contracter des prêts à des taux exorbitants auprès de banques françaises. Ce mécanisme d’endettement a pesé sur l’économie haïtienne jusqu’en 1952.
D’après la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME), cette dette originelle a précipité Haïti « dans une spirale de dépendance néocoloniale dont le pays ne parviendra jamais à s’extraire ».
Le 17 avril dernier, à l’occasion du bicentenaire de cette ordonnance, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’un travail de mémoire. Il a promis la formation d’une commission franco-haïtienne destinée à étudier « l’impact » de cette indemnité imposée. Toutefois, le chef de l’État s’est abstenu d’évoquer la question des réparations financières pourtant au cœur des revendications haïtiennes.
Cette exigence n’est pas nouvelle. Dès 2003, dans le cadre d’une campagne internationale, l’ancien président Jean-Bertrand Aristide avait chiffré cette « double dette » à environ 21,7 milliards de dollars.
Seul contre-courant dans l’hémicycle, le député du Rassemblement national Émeric Salmon a exprimé ses réserves en mettant en garde contre les implications diplomatiques d’une telle démarche : « La demande de réparation soulève des risques de précédent dangereux d’autres nations pour exiger réparation pour des faits historiques similaires menaçant l’équilibre diplomatique et économique mondial », a-t-il déclaré.
D.D