
La recrudescence de la violence en Haïti a poussé de nombreuses personnes à fuir leurs maisons, plongeant notamment les femmes et les filles dans une situation de grande vulnérabilité. En février 2022, Médecins Sans Frontières (MSF) a pris en charge 141 femmes et filles sur un total de 313 patients à travers ses cliniques mobiles. À l’occasion du 8 mars, plusieurs organisations ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation critique des femmes et des filles en Haïti.
Dans le cadre de son engagement auprès des déplacés et des populations vivant dans des quartiers défavorisés de Port-au-Prince, MSF déploie des équipes mobiles, majoritairement composées de femmes, pour pallier le manque de soins de santé.
« Je crée des groupes de parole pour les écouter, comprendre ce qu’elles traversent et trouver les meilleures façons de les soutenir. Grâce aux cliniques mobiles, nous pouvons aller à leur rencontre pour non seulement leur offrir des soins, mais aussi les orienter vers des structures adaptées, comme la Clinique MSF Pran Men’m, qui prend en charge les victimes de violences sexuelles », témoigne Guerline Louis, qui travaille pour MSF depuis 16 ans, dans un article de l’organisation dont Ted’Actu a obtenu copie.
En raison de la violence généralisée, alimentée en grande partie par la prolifération des gangs armés, plus de 42 000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) recense plus de 180 000 déplacés vivant dans plus de 140 sites à travers la capitale, dans des conditions particulièrement précaires pour les femmes.
« Les entraves à la liberté de circulation, imposées par les agissements des gangs criminels, rendent difficiles les “mache kontre”, ces rencontres d’échange entre organisations de femmes de différentes régions. Malgré tout, les organisations féministes refusent de se taire et continuent de se mobiliser pour préserver leur capacité d’action », ont écrit dans une note conjointe plusieurs organisations féministes, dont Solidarité Fanm Ayisyèn (SOFA), Kay Fanm et Toya.
En Haïti, la situation des femmes est plus précaire que jamais. « Sans lieu sûr pour prendre une douche, des hommes les suivent, les attendent et les violent. Cela arrive surtout aux adolescentes », alerte Guerline Louis, soulignant l’urgence d’agir pour protéger ces femmes vivant dans les sites de déplacés.
Depuis fin janvier, la flambée de violence dans la capitale a provoqué la fuite de plus de 4 000 personnes de Kenscoff. Dans ces sites de fortune, souvent inadaptés, l’accès aux soins est quasi inexistant.
« Seule MSF offre des soins gratuits dans la commune. Bien qu’il existe un centre de santé à Kenscoff, je n’ai pas les moyens de m’y rendre, et je ne peux risquer de perdre mon bébé», confie Roseline, enceinte de neuf mois.
À travers ses cliniques mobiles, MSF permet aux femmes d’accéder à des soins de santé primaires, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive. Les équipes assurent des consultations prénatales et postnatales, l’accès au planning familial ainsi qu’un soutien psychologique.
« En 2024, les équipes des cliniques mobiles de MSF ont pris en charge 26 000 personnes, dont 18 975 femmes et filles. Elles ont réalisé 2 345 consultations prénatales, 526 consultations postnatales et 6 392 consultations de planning familial », rapporte MSF.