Régularisation des travailleurs haïtiens : le débat qui divise la République dominicaine
Les relations entre la Mission de Soutien à la Sécurité (MSS) et la Police nationale d’Haïti (PNH) sont particulièrement tendues. Sur le terrain, les deux entités se rejettent mutuellement la faute, s’accusant de manque d’engagement, de ponctualité, et même de collusion avec les groupes armés. Ces tensions fragilisent une mission déjà en difficulté, incapable pour l’instant de rétablir l’ordre dans le pays.
Un cadre supérieur de la MSS, dans une interview exclusive accordée à Ayibopost, a pointé du doigt les policiers haïtiens, les accusant de retards répétés, de manque de volonté et de liens suspects avec les gangs. « Parfois, nous passons des heures à attendre les policiers, ce qui ralentit nos opérations », a-t-il déploré, ajoutant que la MSS préfère ne pas partager d’informations sensibles avec la PNH par peur de fuites.
De leur côté, les agents de la PNH reprochent aux soldats de la MSS leur passivité sur le terrain. Ils dénoncent notamment le refus des membres de la MSS de sortir de leurs véhicules blindés lors des interventions, citant des cas comme celui de Solino. Ils fustigent également l’attitude de certains responsables de la MSS, qu’ils accusent de chercher à s’attribuer tout le crédit après une intervention réussie, à l’image de la sécurisation de la visite de l’ancien Premier ministre Garry Conille à l’hôpital.
« La MSS ne nous apporte rien de nouveau », a déclaré un policier haïtien, allant jusqu’à qualifier les soldats kenyans de « lâches ». Il a toutefois reconnu les retards fréquents de la PNH, qu’il attribue à la lenteur des autorités haïtiennes dans l’autorisation des déploiements.
Les tensions ne se limitent pas au terrain : la MSS accuse également les gouvernements haïtien et kenyan de manquer de volonté pour apaiser les conflits entre les deux forces.
Cinq mois après l’arrivée du premier contingent kenyan à Port-au-Prince, les résultats se font toujours attendre. Les hôpitaux, routes et institutions publiques et privées restent fermés, tandis que plus de 700 000 personnes, forcées de fuir leurs foyers, survivent dans une trentaine de camps de déplacés internes.