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Les autorités dominicaines ont annoncé, la semaine écoulée, la fermeture temporaire du point frontalier Elias Piña-Belladère. Cette décision a des conséquences directes sur la disponibilité de certains produits alimentaires dans des marchés publics du Bas-Artibonite notamment au marché de Pont-Sondé, selon nos constats sur place.
Certains produits de consommation courante, tels que les œufs, la farine etc, se font déjà très rares au marché public de Pont-Sondé et de Verrettes, environ deux semaines après la décision des dirigeants haïtiens de fermer temporairement la douane de Belladère pour des raisons de sécurité. Certains magasins, dépôts ou grossistes sont déjà en rupture de stock, ce qui provoque une pénurie de certains produits à grande échelle de consommation.
“Je vends des œufs, du pain et de la figue banane mûre. Cette semaine, j’ai remarqué une rareté d’œufs au marché public de Pont-Sondé”, indique Madeline, précisant que d’autres produits à grande consommation commencent à devenir difficiles à trouver chez les grossistes.
Une vendeuse de pâtisserie a fait le même constat pour la farine. “J’ai dû parcourir plusieurs magasins, boutiques ou dépôts pour trouver la farine avec laquelle j’ai l’habitude de travailler”, se plaint-elle, soulignant que cette situation est la conséquence directe de la décision des autorités haïtiennes de fermer la douane de Belladère.
“Nos ventes dépendent en grande partie des produits en provenance de la République dominicaine. Lorsque le marché binational est dysfonctionnel, nous n’avons pas d’autres alternatives”, a-t-elle fait savoir, espérant qu’une nouvelle décision sera prise dans les plus brefs délais pour le bien des millions de consommateurs, notamment dans le Bas-Artibonite.
Les marchés publics et les millions de consommateurs du Bas-Artibonite ne sont pas les seuls à avoir subi les conséquences directes de la fermeture de la douane de Belladère depuis environ deux semaines. Le secteur de la sous-traitance est également affecté par cette décision, affirme le président de l’Association des Industries d’Haïti, William Lemke sur les ondes de la radio Magik 9.
Certaines usines ont tout simplement fermé leurs portes parce qu’elles sont à court de matières premières, d’autres étudient de nouvelles alternatives pour s’approvisionner, a précisé le numéro un de l’ADIH. Il rappelle que les matières premières utilisées par les usines proviennent en grande partie de la République voisine.
Mouvements de contestation virulente, arrestation d’un commerçant à Belladère par la PNH, différend entre les Haïtiens et des soldats dominicains à la frontière, la douane de Belladère a été paralysée à plusieurs reprises au cours du mois d’août dernier. Or, de nombreux marchands et marchés publics dépendent du bon fonctionnement de ce point frontalier qui fournit des marchandises aux marchés publics du Bas-Artibonite, du Plateau Central et de l’Ouest.
Bien avant la décision de l’État haïtien de fermer la douane de Belladère, de nombreux marchands (grossistes) avaient déjà renoncé à se rendre à la frontière en raison de l’insécurité grandissante sur la route de Liancourt.
“En avril dernier, des bandits ont détourné un camion rempli de marchandises évaluées à plusieurs milliers de dollars américains. Depuis, mes collègues commerçants et moi avons cessé toute activité”, informe Bibi, qui souligne que d’autres marchands ont décidé d’aller à Dajabon, mais les problèmes de sécurité sont les mêmes.
La décision officielle de fermer la frontière Elias Piña-Belladère ne fait qu’aggraver la situation, car de nombreux commerçants avaient déjà suspendu leurs activités depuis deux ou trois mois pour des raisons tout aussi graves et variées. Si cette situation persiste, certains magasins, boutiques ou dépôts risquent de fermer leurs portes, craint Bibi.
Insécurité routière, fermeture récurrente de la douane, Bibi prévoit encore des jours plus sombres pour des millions de marchands et consommateurs du Bas-Artibonite et appelle les autorités à agir en conséquence pour améliorer les conditions de vie de la population.
