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Après avoir été interdites par la Mairie de Port-au-Prince en 2019 pour nuisance sonore entre autres, les « Car wash party » sont de retour dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince en cette période estivale. En quête de divertissement, plusieurs générations confondues se donnent rendez-vous tous les après-midi de week-end pour se défouler. La musique au rendez-vous, la foule en effervescence se fait asperger de l’eau. Pour plusieurs jeunes, c’est un rendez-vous à ne pas manquer.
Nous sommes le dimanche 23 juillet 2023. Il est 5h30 d’un après-midi ordinaire et nous sommes à Delmas 40B connu pour ses activités nocturnes. Système de sonorisation, installation de tentes, marchandes de fritures et de boissons gazeuses… Les résidents ont choisi leur décor pour se recréer.
Une cohorte de jeunes se mouille mutuellement en utilisant piscines gonflables, réservoirs mobiles, châteaux d’eau, drums, pistolets à eau ou des machines de lavage à pression… tandis qu’un DJ met de l’ambiance. C’est en gros l’essence du mouvement qui définit cet instant de bonheur. Les jeunes ont trouvé une alternative à l’insécurité qui les cloîtrait à la maison. Ils enterrent aussi la chaleur au son de la bonne musique.
Adolescents, jeunes et moins jeunes viennent tranquillement prendre leur dose de réhydratation. Des chasseurs remplissent à tour de rôle le réservoir de leur pistolet à eau, leur seau ou leur bouteille en plastique.
Pour Jessica, 22 ans, jadis il y avait des salles de cinéma, de théâtre et le Champs-de-Mars pour se divertir mais de nos jours aucun de ces loisirs n’existe, a-t-elle déploré. Pour se donner du plaisir elle nous a avoué fréquenter régulièrement les « car wash party ».
Ce fameux mouvement Car Wash fait des émules, d’autres quartiers organisent le leur. Un peu plus loin à Christ-Roi, le décor n’est pas différent. « Car Wash Party », ambiance très à la mode et prisée par les jeunes de la région métropolitaine, a déjà débuté dans cette zone.
Des danses lascives de jeunes filles en tenue légère, des corps à la Kim Kardashian s’exhibant sous les vêtements trempés, athlètes exposant leurs pectoraux mouillés et rondeurs à profusion, l’image n’est pas loin d’un film pour adulte. L’effet de l’eau aspergé met à nue l’intimité des jeunes femmes qui ne se soucient de rien.
« Se sèl ti plezi jenès la rete », a martelé Mélissa portant un t-shirt blanc et un pantalon « sans fouk », complètement aspergé.
« Il fait terriblement chaud et face à cette chaleur, un peu d’eau ne dérange en rien nous confie Jude pour justifier sa présence à l’activité. S’il nous a avoué n’être pas un participant inconditionnel, le son du rabòday a servi d’alibi à Jude pour se rendre sur les lieux.
Ces fêtes en plein air, de plus en plus prisées réunissent des centaines de personnes qui s’aspergent d’eau au rythme des musiques entraînantes d’un DJ. Ce phénomène a fait son apparition dans le pays en 2019. C’est une activité qui charrie toute une partie de la jeunesse haïtienne, et qui a pour but de divertir les jeunes qui s’arrosent les uns les autres avec de l’eau, sous le son du rythme rabòday.
Pour Thomas, ces festivités sont une des rares alternatives permettant encore aux jeunes de se défouler. « Se yon ti pase mwen fè mpap rete, manmanm pa vlem vini », a lancé ce jeune qui paraît n’avoir qu’une quinzaine d’années.
Ces « party » touchent plusieurs artères de Port-au-Prince ainsi que dans quelques villes de province, où des jeunes hommes et femmes dansent et s’aspergent d’eau. Carrefour, delmas 32, 40 B, Centre-ville entre autres, les stations de Car wash ne manquent pas et les participants, en weekend ne jurent que par cette activité.
Généralement vêtus de blancs, les participants profitent pleinement de l’ambiance. L’euphorie est à son comble. Ces jeunes arrivent à oublier tous les soucis quotidiens pour se focaliser sur le plaisir.
Fort souvent la voie publique où l’activité est organisée reste bloquée : pas de passages pour les voitures ; les participants profitent pour se rafraîchir la peau, sous la prestation des Dj’s ou artistes locaux.
Jennifer n’habite pas trop loin. Elle évite de gagner la foule même si elle ne reste pas indifférente à la musique elle craint pour sa peau pour justifier le fait de rester à l’écart. « Mwen bon kotem ye a, se ti mizik la ki entèrese m », a-t-elle déclaré avec un sourire moqueur.
Car Wash Chill vient comme une réponse des jeunes qui, semble-t-il, ont juré de s’amuser malgré un climat de peur et d’insécurité qui plane sur le pays depuis trop longtemps.
Une activité interdite il y a quelques années
Cette activité était interdite dans plusieurs communes. Mi-2019, selon une note publiée par la mairie de Port-au-Prince et dûment signée par le maire en chef Youri Chevry, l’administration communale avait annoncé la fin de toutes activités baptisées « Car wash ou Body wash party ».
Cette décision a été prise en raison de diverses plaintes pour nuisance à la communauté et l’enregistrement de plusieurs morts et blessés dûs à l’activité.
Depuis la reprise de cette activité, l’État ne s’est pas encore prononcé. Toutefois, les risques sont les mêmes qu’en 2019.