Signature d’un accord de 120 millions de dollars entre la Banque Mondiale et l’État haïtien
Lors de son compte-rendu sur la situation en Haïti devant le conseil de sécurité des Nations-Unies le jeudi 6 juillet 2023, Maria Isabel Salvador, représentante spéciale du secrétaire général en Haïti qui dirige également le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) a énuméré les progrès effectués dans le pays dont la signature de l’accord du 21 décembre qui a donné naissance au Haut Conseil de Transition (HCT).
« Le Haut Conseil de Transition a organisé un forum en mai qui a réuni des représentants de partout au pays, du monde politique, de la société civile et du secteur privé, y compris les non-signataires de l’accord du 21 décembre. Le Forum a été l’occasion pour toutes les parties prenantes haïtiennes pour discuter des questions clés autour de la constitution et les réformes électorales, la bonne gouvernance et les questions socio-économiques », a rapporté Madame Salvador.
Tenu à Port-au-Prince les 23 et 24 mai dernier autour de certains points dont la sécurité et la gouvernance, ce forum s’est déroulé sans la présence des institutions et experts concernées par la sécurité, entre autres la PNH et les FAd’H selon certains acteurs.
Le manque d’équipement et de formation des agents de la PNH, le dialogue entre les divers groupes politiques et de la société civile aux positions divergentes, le retour à l’ordre constitutionnel, la présence d’une force étrangère ont été et sont à l’ordre du jour depuis 2021 et aujourd’hui encore en Haïti.
La Mission du HCT consiste entre autres, à accompagner le gouvernement dans ses actions visant le rétablissement de la sécurité, la réalisation d’élections inclusives, l’identification et la proposition des réformes en matière de droits humains et de renforcement de l’État de droit mais aussi en lien avec la sécurité sociale et alimentaire.
Pourtant, le pays se retrouve dans un contexte difficile où la population cherche à se faire justice elle-même à travers le mouvement dénommé « Bwa kale ».
« Depuis Avril, le BINUH a recensé 264 présumés membres de gangs tués par des groupes de vigilance », a rapporté la représentante du secrétaire général.
D’un autre côté, 5,2 millions de personnes, dont près de 3 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire et d’une protection urgentes. A cela, s’ajoute la crise alimentaire touchant environ 4,9 millions de personnes, a-t-elle fait remarquer.
Toujours selon le BINUH, l’augmentation de la violence dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince a occasionné le déplacement forcé de près de 128 000 personnes alors que le pays reste également très vulnérable au changement climatique et aux catastrophes naturelles dont les dernières ont eu lieu au début du mois de juin où des inondations meurtrières, suivies d’un tremblement de terre, a tué environs 58 personnes et touché 45 000 ménages
« Le système de santé haïtien est sur le point de s’effondrer. Cette situation est exacerbée par la flambée de l’inflation et la dépréciation de la Gourde haïtienne érodant le pouvoir d’achat de la population », a aussi rapporté la diplomate équatorienne.
Le Secrétaire général Antonio Guterres a également confirmé les constats faits par la cheffe du BINUH lors de sa récente visite en Haïti. Sur son compte Twitter il a déclaré :
« Je reviens tout juste d’une visite en Haïti. Les conditions sont désespérées, mais des solutions sont possibles, si nous agissons maintenant. Nous ne pouvons pas oublier le peuple haïtien. Le monde doit se mobiliser. »
Entre-temps, les membres du gouvernement semblent dépassés par cette crise multidimensionnelle et continuent de solliciter l’appui de la communauté internationale avec le déploiement d’une force armée en soutien à la Police Nationale pour lutter contre la violence des gangs qui a un impact catastrophique sur la vie socio-économique des citoyens.
Le Premier ministre Ariel Henry depuis sa première demande en octobre 2022, entend la réitérer avec la promesse faite par plusieurs pays de participer à cette force multinationale parmi lesquels la Jamaïque et le Rwanda selon ses propos. Les États-Unis, la France et l’équateur sont également favorables à une force armée multinationale sur le territoire.
De son côté l’ONU a déjà élaboré un document dans lequel il a défini les caractéristiques de ce soutien armé qui serait composé d’un mélange d’unités militaires et de police disposant des moyens et des capacités de renseignement nécessaires pour combattre les gangs lourdement armés.
Cependant, le problème reste entier car aucun pays n’a encore accepté de prendre la tête de cette force multinationale