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Le groupe musical Tabou Combo célèbre ses 55 ans d’existence cette année, devenant ainsi l’une des rares formations musicales dans la zone Caraïbes à être en activité pendant plus de 50 ans.
En effet, ce dimanche 30 avril a marqué le début de la tournée des cinquante-cinq ans de carrière du groupe mythique à Paris, sans Herman Nau (décédé le 25 juillet 2021) mais avec son chanteur vedette Shoubou.
Durant plus de cinq décennies, Tabou Combo a représenté Haïti et sa musique partout dans le monde et a connu un grand succès à l’étranger. L’expression d’une énorme longévité, d’une constance inimaginable. Tabou « compas » surpasse les âges et surclasse les pages qu’il a écrites, en produisant une musique dansante exportable au-delà de nos frontières.
Peu avant son méga concert au Casino de Paris, ce dimanche, Fanfan Ti Bòt, membre fondateur et chanteur de Tabou Combo a livré les secrets de cet orchestre vieux de plus d’un demi-siècle sur RFI.
« C’est l’un des groupes mythiques haïtiens dont les chansons évoquent l’exil, le combat, la survie, la souffrance et l’espoir. Un orchestre dont la créativité et l’innovation musicale dépassent l’entendement. Des milliers de fans haïtiens antillais ou étrangers d’Europe, d’Afrique ou d’Amérique ont été électrisés, au moins une fois, par leur musique énergique et frénétique”, a-t-il souligné.
55 ans et la saga continue
Le vin se bonifie avec l’âge , c’est une phrase qui colle à la peau de ce groupe légendaire, qualifié d’«Ambassadeurs du compas», dans les catalogues de la Bibliothèque nationale de France. Et les chanteurs ne comptent guère prendre leur retraite. Pour Fanfan Ti bòt lors de cette entrevue à RFI, la retraite ne fait pas partie de leur vocabulaire.
« Pour moi, la retraite, c’est un petit pas vers la mort. Je me repose, je reprends de l’énergie sur scène : j’adore voir le public danser sur notre musique ! Vous savez, quand on fait la même chose, des concerts, depuis autant de temps, 55 ans pour nous, forcément, ça rentre dans notre ADN. Alors, s’arrêter… c’est inconcevable, tant qu’on a la santé. Tabou Combo a commencé à sept. Aujourd’hui, nous sommes cinq, avec quasiment la même équipe qu’à nos débuts, Shoubou, Jean-Claude Jean, Kapi, Reynald Valmé et moi-même », explique Fanfan Ti bòt à RFI, en prélude au démarrage de la tournée d’anniversaire.
Le long de la carrière de l’orchestre a été truffé d’embûches. Il a fallu un grand dépassement de soi du côté des membres pour tenir la flamme allumée pendant 55 ans.
Tabou Combo figure en troisième position après le doyen, l’orchestre Septentrional (75 ans), l’orchestre Tropicana D’Haïti, le cadet (60 ans).
Fanfan Ti Bòt indique que même lui ne peut expliquer les dessous de cette longévité.
« Entre nous, il y a eu des embrouilles, mais toujours derrière le rideau… Des fois, on était si fâchés, on ne s’adressait plus la parole… Mais, une fois sur scène, on faisait comme si de rien n’était. Le jour où on a annoncé à Shoubou la mort de sa mère juste avant de monter sur scène à La Villette, il a assuré le concert avec un professionnalisme sans faille. De même, Kapi et moi avons subi des drames lors de tournées » , explique Fanfan, présentant Tabou Combo comme une famille, un emblème, un symbole de solidarité et de fraternité.
Des moments tragiques ont aussi ponctué les 55 ans de Tabou Combo dont la disparition brutale de leur batteur fétiche et co-fondateur du groupe, Herman Nau en juillet 2021, 3 ans après les 50 ans du groupe. « Très attentif à sa santé, il faisait du sport, il surveillait sa diète… Et pourtant, suite à une pneumonie foudroyante, il est rentré à l’hôpital, pour ne jamais en ressortir. Nous avons hésité à poursuivre le groupe, suite à son départ… Là où il est, je pense qu’il valide notre choix », confie Fanfan.
Toutefois, en 55 ans, Tabou Combo regorge de très beaux souvenirs. Difficile pour Fanfan d’en choisir un.
« Ce serait les 30 ans au Zénith ? la tournée aux Antilles en 1994, où nous avons été accueillis comme des stars… ? Et aussi l’explosion, comme une traînée de poudre, du phénomène Tabou, l’un de nos plus grands hits. Il y a aussi eu ce concert à La Villette, où notre guitariste avait raté son avion et a finalement débarqué en plein milieu du show », a déclaré Fanfan.
De 1967 à 1970, le Tabou-Combo, première mouture, avec Albert Chancy (guitare), Jean-Robert Dorgat, Grégoire Rock (chant), Paul Gonel, Fritz Coulanges, Serge Guerrier et consorts, était un groupe de quartier qui ne visait pas ce grand succès. Ces jeunes d’alors ont eu leur premier album intitulé « Haïti ». Par la suite, le groupe a réalisé son premier album enregistré aux États-Unis « Live à la canne à sucre» en 1972.
Au Casino de Paris, l’orchestre a fait salle comble
Vu la soif du public, Paris était l’endroit idéal pour débuter la tournée des 55 ans du groupe, ce dimanche 30 avril. Le coup d’envoi du show a été donné sous une scène en liesses. Le public était heureux de voir ceux qui ont bercé leur enfance et leur jeunesse. Les participants se sont fait une joie de revoir Shoubou et sa bande.
« Pi gwo, pi long, pi apetisan », « Indépendance Cha Cha », « Rumba Liberté », « Tu as volé », « Aux Antilles », Tabou Combo de Shoubou a ébloui le public venu délecter leurs tubes les plus populaires. Tabou Combo a aussi honoré la mémoire de Mikaben décédé en octobre 2022 à Paris, Bercy en reprenant la chanson « Ayiti se ».
À la fin du concert, l’Ambassadeur d’Haïti en France, Josué Pierre Dahomey, a rendu hommage au groupe Tabou Combo pour sa contribution à la musique haïtienne.
C’est le début de la grande tournée. Après Paris, le groupe enchaînera sur les Antilles (le 5 mai en Martinique, le 7 en Guadeloupe) avant de poursuivre à Saint-Martin, au Guyana et au Costa Rica.