Édito : Et si on protégeait les territoires non encore perdus ?
Révélations chocs : Fritz Alphonse Jean serait l’officiel visé par les sanctions américaines
Les États-Unis ont annoncé, le 24 novembre 2025, l’imposition de nouvelles restrictions de visa contre un haut responsable haïtien accusé d’avoir soutenu activement des gangs armés et entravé les efforts de lutte contre des groupes classés comme organisations terroristes étrangères. Selon l’agence Associated Press, il s’agirait de Fritz Alphonse Jean, Conseiller-Président et figure centrale de la transition politique en Haïti.
D’après le porte-parole adjoint du Département d’État, Tommy Pigott, Washington a invoqué la section INA 212(a)(3)(C), un mécanisme peu courant qui permet de refuser l’entrée aux États-Unis à toute personne susceptible de provoquer des « conséquences diplomatiques graves ».
Mesure immédiate : tous les visas valides du responsable visé sont annulés, une disposition qui peut également toucher certains membres de sa famille.
Depuis son adoption en octobre 2022, cette politique cible les personnalités politiques, économiques ou sécuritaires soupçonnées de financer, protéger ou faciliter les activités des gangs qui déstabilisent Haïti.
Par cette décision, Washington réaffirme ses priorités :
– soutenir la stabilisation du pays,
– lutter contre l’impunité,
– et encourager la tenue d’élections “libres et crédibles” dans les meilleurs délais.
Fritz Alphonse Jean au cœur de la tempête
Bien que le communiqué américain ne mentionne aucun nom, plusieurs sources proches du Conseil Présidentiel de Transition, ainsi qu’Associated Press, indiquent que Fritz Alphonse Jean serait la personnalité directement visée.
L’ancien coordonnateur du CPT traversait déjà plusieurs mois de tensions avec ses collègues. À la fin de son mandat, il avait publiquement dénoncé la concentration du pouvoir entre deux acteurs du secteur privé : Laurent Saint-Cyr, Conseiller-Président, et Alix Didier Fils-Aimé, Premier ministre. Deux figures qu’il accusait d’avoir confisqué la direction politique du pays.
Cette prise de position avait fracturé davantage un exécutif déjà fragile.
Une résolution explosive et un signal américain
Selon plusieurs sources concordantes, Fritz Alphonse Jean aurait été l’artisan principal d’une résolution visant à destituer le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé.
Une initiative perçue comme une tentative de reprise de contrôle interne… mais immédiatement désapprouvée par Washington.
Depuis plusieurs semaines, les États-Unis avaient averti qu’ils sanctionneraient toute démarche susceptible de déstabiliser la transition, allant jusqu’à menacer de retirer les visas des acteurs impliqués dans des manœuvres jugées obstructionnistes.
La mesure annoncée cette semaine apparaît donc comme la concrétisation de cette menace.
Entre lutte d’influence et avertissement diplomatique
Cette sanction intervient alors que le pays tente de consolider une transition politique sous forte pression, pendant que les gangs étendent leur emprise sur plusieurs régions.
En ciblant un membre influent du Conseil Présidentiel de Transition, Washington semble vouloir :
– envoyer un signal ferme aux élites politiques,
– sanctionner toute proximité, avérée ou perçue, avec les groupes armés,
– et prévenir toute crise interne pouvant compromettre les efforts de stabilisation.
Le cas Fritz Alphonse Jean dépasse ainsi la simple sanction individuelle : il illustre la surveillance étroite exercée par Washington sur les rapports de force internes et sa volonté d’écarter, par la voie diplomatique, tout acteur susceptible d’entraver la trajectoire définie.
Un message sans ambiguïté
En invoquant l’INA 212(a)(3)(C), l’administration américaine, dans la continuité de ses précédentes positions, confirme sa détermination à demander des comptes à ceux qu’elle estime impliqués dans la déstabilisation d’Haïti ou de la région.
Un avertissement qui frappe cette fois au cœur même du pouvoir de transition.