Rétablissement des relations haïtiano-dominicaines : Luis Abinader fixe ses conditions
Un milliard d’armes à feu circulent dans le monde, dont jusqu’à 500 000 en Haïti, selon l’ONU
L’Organisation des Nations Unies a tiré la sonnette d’alarme ce lundi 10 novembre, face à une prolifération sans précédent d’armes légères et de petit calibre à travers le monde.
Selon un rapport présenté cette semaine devant le Conseil de sécurité, plus d’un milliard d’armes à feu sont actuellement en circulation, dont entre 270 000 et 500 000 en Haïti.
« Leur prolifération est à la fois un symptôme et un moteur des multiples crises de sécurité que traverse notre monde », a déclaré Adedeji Ebo, haut fonctionnaire du Bureau des Nations Unies pour les affaires de désarmement, lors d’un débat au Conseil de sécurité.
Loin des projecteurs, ces armes tuent chaque jour davantage que les bombes. En 2024, elles ont été responsables de près d’un tiers des morts civiles dans les conflits et impliquées dans 88 % des violences sexuelles liées aux guerres, selon le rapport du Secrétaire général.
Derrière cette tragédie se cache une véritable économie de la violence : les 100 plus grandes entreprises d’armement ont engrangé en 2023 près de 632 milliards de dollars, tandis que les dépenses militaires mondiales atteignaient 2 700 milliards de dollars, soit une hausse de 37 % depuis 2015, d’après l’ONU.
Cette alerte internationale trouve un écho dramatique en Haïti, où la prolifération d’armes illégales alimente une insécurité sans précédent. Selon Arnoux Descardes, directeur de l’ONG Volontariat pour le Développement d’Haïti (VDH), entre 270 000 et 500 000 armes à feu circuleraient dans le pays, dont seulement 45 000 enregistrées.
« Le trafic massif d’armes illégales constitue une source de grande préoccupation, malgré l’embargo imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU depuis 2022 », déplore-t-il.
Ces chiffres vertigineux sont d’autant plus alarmants qu’Haïti ne fabrique pas d’armes. Dans un pays où les gangs sont souvent mieux équipés que la police, la population vit sous la menace constante de la violence armée.
« Les familles haïtiennes sont aux abois », ajoute M. Descardes. Le responsable humanitaire plaide pour une réforme du cadre légal, un contrôle plus strict des frontières et une coopération renforcée avec les pays exportateurs, sans quoi la violence continuera de « détruire le tissu politique, économique et social du pays ».
Le continent africain paie lui aussi un lourd tribut à cette circulation incontrôlée. Mohamed Ibn Chambas, haut représentant de l’Union africaine pour l’initiative Faire taire les armes, a dénoncé « une violence et des souffrances horrifiques » dans des régions comme le Darfour, le Sahel ou les Grands Lacs.
Face à ce fléau, l’Union africaine a adopté une stratégie continentale 2020-2030, axée sur la gestion des stocks, la destruction des armes récupérées et l’implication des jeunes et des femmes dans les programmes de désarmement.
Des campagnes comme le Mois de l’amnistie africaine ont déjà permis de détruire 30 000 armes et 200 000 munitions.
D.D