CONCACAF W Gold Cup : Haïti chute au Costa Rica et n’est plus maître de son destin
Le dernier rapport du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), publié le 31 juillet 2025, dresse un tableau accablant de la situation des droits humains entre avril et juin : 1 520 personnes tuées, 609 blessées, 628 victimes de violences sexuelles et 185 enlèvements. Un bilan qui témoigne d’une intensification dramatique des exactions commises par les gangs, les groupes d’autodéfense et les forces de sécurité, dans un contexte d’effondrement quasi total de l’État.
Selon le rapport, 64 % des morts sont attribuées à des opérations des forces de sécurité, 24 % à des attaques de gangs et 12 % à des actes perpétrés par des groupes d’autodéfense ou des civils. Si la majorité des violences reste concentrée dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, l’influence des gangs s’étend désormais au Centre et à l’Artibonite, aggravant une crise sécuritaire déjà hors de contrôle.
Le document signale 628 cas de violences sexuelles principalement des viols collectifs ainsi que 185 enlèvements. Les gangs ont incendié ou détruit 410 bâtiments, dont des écoles et des centres de santé. L’hôpital universitaire de Mirebalais a été contraint de fermer, et plus de 1,3 million de personnes seraient déplacées à l’échelle nationale, selon l’OIM.
Certains massacres documentés révèlent une brutalité extrême : à Wharf Jérémie, 15 personnes âgées ont été égorgées ; à Petite Rivière de l’Artibonite, 55 paysans accusés de collusion avec des gangs ont été tués lors d’une cérémonie religieuse par des groupes d’autodéfense. Ces derniers, issus du mouvement Bwa Kalé, se muent en milices incontrôlées, multipliant les exécutions sommaires, parfois sur simple soupçon.
Les forces de l’ordre ne sont pas épargnées par les critiques. Le BINUH rapporte que 814 personnes ont été tuées lors d’opérations policières, dont 15 % n’étaient affiliées à aucun groupe armé. L’usage d’explosifs largués par drones souvent hors de tout contrôle hiérarchique a causé 236 décès. Le rapport dénonce également 73 exécutions extrajudiciaires, attribuées à des agents de la police nationale et au commissaire du gouvernement de Miragoâne, Jean Ernest Muscadin, qui revendique publiquement plusieurs de ces meurtres.
Malgré ce constat alarmant, le BINUH relève quelques avancées institutionnelles, notamment la création de deux unités judiciaires spécialisées l’une sur les crimes de masse et les violences sexuelles, l’autre sur la lutte contre la corruption. Des enquêtes visent également plusieurs responsables politiques et administratifs soupçonnés de collusion avec des gangs ou de trafic d’armes.
Face à cette spirale de violence, le BINUH appelle à un soutien international accru, notamment via un déploiement rapide de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), et exhorte à poursuivre les efforts contre l’impunité. Car sans une mobilisation urgente et coordonnée, prévient l’ONU, la crise haïtienne pourrait virer à la catastrophe irréversible.