Ariel Henry ne cèdera le pouvoir qu’à des élus, insiste André Michel

Port-au-Prince, 13 juin 2025 — À l’occasion du 30e anniversaire de la Police nationale d’Haïti (PNH), le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a publié un rapport critique sur la gestion budgétaire de l’institution. Selon l’organisation, 73 % de l’enveloppe allouée à la PNH dans le budget rectificatif 2024-2025 sont consacrés au fonctionnement, principalement aux salaires, au détriment de l’investissement dans les équipements et les infrastructures.
Adopté en Conseil des ministres le 14 avril dernier et qualifié de « budget de guerre », ce budget prévoyait une enveloppe de 32,9 milliards de gourdes pour la PNH. Or, seulement 27 % de cette somme sont destinés à l’investissement, un déséquilibre que le RNDDH juge incompatible avec l’urgence de la crise sécuritaire actuelle.
Des conditions de travail alarmantes
Le RNDDH dénonce par ailleurs les conditions de travail précaires des policiers, confrontés quotidiennement à l’insécurité sans accompagnement institutionnel. Certains agents, contraints de fuir leurs domiciles, dorment désormais dans les commissariats ou chez des proches. L’organisation s’insurge aussi contre l’opacité qui entoure la distribution des primes de risque, pourtant promises aux agents mobilisés contre les gangs.
Recommandations fortes du RNDDH
Face à ce constat, le RNDDH formule plusieurs recommandations clés :
- Intensifier les opérations visant à neutraliser les groupes armés ;
- Renforcer les capacités humaines et logistiques de la PNH ;
- Supprimer le Fonds pour le renseignement, jugé inefficace ;
- Intégrer les forces publiques à l’usage stratégique des drones kamikazes ;
- Appliquer pleinement le décret du 1er juillet 2022 et l’arrêté du 23 avril 2024, qui prévoient une indemnité spéciale de risque pour les policiers engagés dans la lutte contre les gangs.
Un budget de guerre sans résultats visibles
Deux mois après l’adoption du budget rectificatif, les résultats se font attendre. La PNH n’a toujours pas repris le contrôle effectif du territoire, et plus de 85 % du département de l’Ouest reste sous la coupe de groupes armés, réunis au sein de la coalition Viv Ansanm.