Dans un contexte de violence croissante et d’insécurité en Haïti, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a publié en mars 2024 un rapport alarmant intitulé “Protection et assistance aux populations affectées par la violence des gangs en Haïti”. Ce rapport met en lumière une crise de santé mentale sévère parmi les personnes déplacées, en particulier dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
L’évaluation, axée sur les comportements suicidaires et la prévention du suicide, révèle des niveaux inquiétants de détresse psychologique au sein des populations touchées par la violence des gangs. Des milliers de personnes, contraintes de fuir leur domicile face à l’escalade des conflits, se retrouvent dans des situations précaires qui exacerbent leurs problèmes de santé mentale.
Les résultats montrent que ces personnes déplacées subissent des niveaux alarmants d’anxiété, de dépression et de stress post-traumatique. Les violences incessantes, les pertes matérielles et humaines, ainsi que le manque d’accès à des services de santé adaptés, aggravent leur état psychologique. Les experts de l’OIM mettent en garde : de nombreux déplacés vivent dans une peur constante pour leur sécurité physique et leur avenir, ce qui nourrit un sentiment d’impuissance et de désespoir croissant.
Cette crise s’inscrit dans un contexte où les ressources en santé mentale sont déjà extrêmement limitées. Selon le dernier rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) datant de 2011, Haïti ne compte que 27 médecins-psychiatres (soit 0,28 pour 100 000 habitants) et 194 psychologues (2 pour 100 000 habitants). Le rapport souligne également le manque de formations universitaires en psychologie, ainsi que l’insuffisance de postes financés par le gouvernement pour garantir l’accès aux soins nécessaires. Ces faits, cités par l’OIM, montrent l’ampleur du défi.
Face à cette situation, l’OIM appelle à une action urgente pour renforcer les services de santé mentale et de soutien psychosocial dans le pays. Parmi les recommandations figurent la formation des agents de santé locaux à la détection des troubles mentaux et l’augmentation des ressources pour soutenir les populations affectées. Le rapport insiste aussi sur la nécessité d’intégrer la santé mentale dans les programmes humanitaires, afin de répondre aux besoins globaux des personnes déplacées.
La crise de santé mentale en Haïti, exacerbée par la violence des gangs, exige une réponse immédiate et coordonnée de la part des autorités, des organisations non gouvernementales, et des partenaires internationaux. Il est impératif de créer un environnement où les personnes déplacées peuvent recevoir l’aide nécessaire pour reconstruire leur vie et retrouver une forme de stabilité.