Le kilogramme de riz TCS 10, variété la plus consommée dans la région, a atteint un prix historique en ce mois de mai 2023. Dans les principaux marchés de ce département, ce produit de première nécessité se vend désormais à 750 gourdes, un record de prix qui risque d’aggraver les conditions de nombreuses familles déjà précaires.
La situation est alarmante dans le département de l’Artibonite. Le kilogramme de riz local,TCS 10, produit de première nécessité à consommation à grande échelle s’échange à 750 gourdes ,soit une augmentation de plus de 50 % par rapport à la même période l’année dernière. Un fait inédit dans l’histoire de la vallée.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette flambée de prix constatée sur le marché régional selon certains spécialistes. D’abord, une baisse constante de productivité au cours des 5 dernières années dûe, en grande partie, à une mauvaise qualité de semence et qui s’est aggravée lors de la dernière récolte en raison d’une sécheresse récurrente. Ensuite, la dépréciation de la gourde, provoquant une forte augmentation du prix des intrants agricoles en particulier l’engrais (IRE, KONPLE ) et des mains-d’oeuvre. Enfin,le climat d’insécurité qui prévaut dans la vallée de l’Artibonite, touchant de nombreuses zones de production.
Planteurs, agriculteurs, vendeurs, acheteurs, consommateurs et de nombreux secteurs liés à la production de riz sont touchés par cette hausse de prix et appellent les autorités locales et nationales à agir en conséquence pour soutenir la plantation.
Payer une marmite de riz de 2,7 kg à 750 gourdes dans le département de l’Artibonite, c’est du jamais vu. Nous avons atteint les limites de l’inacceptable.
« Je sais à quel point cette hausse effrénée du prix dérange des familles, notamment celles qui sont élargies », s’alarme l’agronome wonder.
« inflation est le résultat d’une baisse de productivité. Pour contenir ce fléau, l’État doit accompagner les paysans planteurs en leur fournissant des semences de qualité et des formations adéquates », suggère l’agronome Dorsainvil.
Le sort réservé à la production de riz dans la vallée de l’Artibonite semble être le même que celui du café, du cacao, du coton et de « Kochon Kreyol », craint l’agronome Dorsainvil.
« J’achète le kilogramme de riz TCS 10 blanc à 700 gourdes .Je le revends à 750 gourdes la marmite de 2,7 kilo. C’est un triste record » affirme Lucienne, une marchande qui étale ses variétés au marché de Pont-Sondé, ajoutant que l’augmentation du prix a réduit considérablement la vente. « Triste réalité » a-t-elle lâché.
Le prix des autres variétés explose également en dehors du département. Un rapport du Ministère de l’agriculture des Ressources naturelles et du développement rural et l’Unité de statistique agricole et informatique (Système d’information sur le marché agricole) publie en date du 16 mai 2023, la marmite (2,7 kilo) du riz Shella jaune et de la crête Jaune se vendent à 1400 gourdes et celle du TCS 10 blanc à 1200 gourdes. Ces données ont été collectées au marché CANARD, situé dans le centre du pays à Mirebalais.
En dépit des difficultés, les paysans agriculteurs de la vallée de l’Artibonite gardent toujours l’espoir d’un lendemain meilleur et continuent de se battre en espérant que cette situation ne perdurera pas jusqu’à l’année prochaine.
Il est important de souligner que le pays importe annuellement 431 tonnes métriques de riz, ce qui représente plus d’un demi-milliard de dollar américain l’an, selon les données publiées dans le dernier ouvrage de l’agronome Marc Eddy Martin intitulé : « Le déclin du secteur agricole ».
Avec la situation actuelle, l’importation de riz pourrait augmenter dès l’année prochaine, ce qui aura des conséquences économiques importantes pour le pays.